Vous recherchez quelque chose ?

N’y voyez aucune méchanceté, vilenie ou vengeance que ce soit. Il est parfois très dur de pouvoir parler d’un album lorsque celui-ci est passable, moyen ou médiocre, et c’est le cas de cet opus de nos voisins transalpins. Est-ce parce qu’un album n’est pas mauvais qu’il est bon pour autant ? La réponse semble évidente et pourtant si difficile à étayer parce que comment rendre compte qu’une création n’est pas exceptionnelle sans devenir cassant ? C’est bien là toute la difficulté qui s’ouvre à moi, car autant un avis tranché est facile à soutenir à cent pour cent, autant une demi-mesure est plus ardue à développer. C’est par conséquent avec ce lourd fardeau qu'incombe ma tache qui est celle de vous parler de Hundred Light Years...

Lunarsea a donc décidé de défendre le métal sous l’étendard du death mélodique en incorporant des nappes de claviers sur un univers céleste. Comme peuvent en témoigner le nom de l’album ou les titres « Pro Nebula Nova », « Palindrome Orbit » ou « Sonic Depth Finder » on est totalement immergé dans le cosmos. Les Italiens attisent un feu naissant sous de magnifiques mélopées sur « Phostumous », pour pousser des growls endiablés tout le long de Hundred Light Years. « Next And Future » cristallise cette violence intarissable au travers de blast beats ou de double caisse couplée à la dissonance d’un chant et de riffs incisifs. Malgré cela, l’effet est proche d’un pétard mouillé, sans être non plus catastrophique la musicalité de Lunarsea a du mal vraiment rester en place. Elle a plutôt tendance à se diffuser sans revêtir de personnalité distinctive ou à pénétrer les esprits grâce à une lueur d’efficacité. Le travail exécuté est propre et on ne s’ennuie pas cependant il manque à chaque fois ce petit quelque chose qui rend la musique magique.

Sur les dix chansons, nos musiciens emploient leurs forces dans un périple bien trop lisse pour retenir notre attention, et paradoxalement il est suffisamment agréable pour ne pas me laisser dire qu’on peut prendre le CD et le jeter aux ordures. « Sonic Depth Finder » par exemple (c’est le titre qui passe lorsque j'écris ces mots) tire profit d’un refrain qui reprend la recette ultra connue du chant clair/death grunt et bien ça marche c’est impeccable néanmoins ça ne brille pas ! Les orchestrations sont bien trop banales pour soulever la structure musicale d’un cran, et les chants sont prévisibles et attendus à chaque mesure tout comme un bus à son arrêt au coin de la rue. Tout est calculé, il n’y a pas de surprises, ni coup de folie (si ce n’est les passages instrumentaux en fin de chanson comme sur « As Seaweed »), le feeling est factice et les compositions sont clichesques et pourtant il serait tellement injuste de les répudier.

« Pro Nebula Nova » délivre sa dose de frénésie qui donne l’envie de taper pied et hocher de la tête, sauf qu’on reste à ce stade. On sent naitre au fond de soi le désir d’accompagner les instrumentistes qui se démènent, mais c’est le coitus interruptus, l’effet est stérile. Et c’est là que les Italiens deviennent énervants, ils excellent dans l’art de la frustration et parviennent à passer tous leurs morceaux sans que fatigue surviennent c’est complètement paradoxal, je le sais bien, mais je vous avais prévenu, il est peu aisé de définir le trivial. Prenons le jeu des guitaristes, nous avons tous les ingrédients à savoir des riffs, des solis (dont un au violon sur « Aphelion Point ») et ça s’arrête là, les doigts déversent un déluge de note sans que cela provoque une once d’émotion. Filippo Palma vocifère ses tirades et donne la réplique à son confrère Cristian Antolini aux clean vocals et bien encore une fois on n’a rien à redire, mais ça n’embrase pas les tympans...

La liste est longue et si je continue à essayer de décortiquer Hundred Light Years, je vais surement commencer à faire pencher la balance du côté des critiques. Tout ce qui pour une fois peut véritablement rendre justice à cet album c’est la note. Une note qui est elle impartiale, qui évoque la moyenne. Un 5/10, pas pour enterrer un opus comme certains pourraient penser, mais juste pour refléter la valeur intrinsèque de la musique délivrée. Un album moyen, sans éclat, mais sans reproche, des mélodies peu inspirées, mais qui passent sans mal, peu d’innovation et peu d’idées, mais une technique omniprésente. Si Hundred Light Years peine à se trouver un camp, il aura au moins réussi à me semer le doute.

0 Comments 02 mai 2013
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus