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Que font les musiciens émérites quand ils se retrouvent sans groupe ? Et bien ils s'acoquinent avec d'autres musiciens émérites sans groupe ! C'est le cas ici du batteur Vinny Appice (ex-Black Sabbath) au chômage technique depuis la fin d'Heaven & Hell et du bassiste Rex Brown (ex-Pantera) dont les circonstances du départ de Down restent assez floues. Une section rythmique de luxe donc, qui se voit complétée par deux "relatifs" inconnus (disons moins médiatisés) en les personnes de Mark Zavon à la guitare, qui a entre autres été aperçu chez "Ratt" ainsi que "WASP" et Dewey Bragg au chant dont le seul fait d'armes aura été d'enregistrer un album avec "Pissing Razors" il y a dix ans de ça. Alors, vous allez vous demander, qu'est-ce que ça donne tout ça ?

Et bien ça donne Kill Devil Hill, à prononcer "kil diveul il" ou "kil déveul il", groupe qui après avoir pas mal tourné depuis quelques mois s'apprête à sortir son premier album éponyme. Au programme ? Du metal et du vrai. Pas de fioritures, de mise en scène, de déguisements, de concepts fumeux ou d'artifices quelconques. Non, Kill Devil Hill ce sont quatre bonhommes qui groovent et envoient la purée de la façon la plus simple possible. Musicalement ? Attendez-vous à une sorte de "Black Sabbath" (et/ou "Heaven & Hell", c'est vous qui voyez) et d'"Alice in Chains", voire du "Pantera" en accéléré. En gros, c'est heavy, doom, stoner, grunge et très direct.

D'ailleurs, l’entame d'album avec le bien nommé War Machine met rapidement les points sur les "i". C'est rapide, lourd, efficace et ça ne fait pas de quartier. Comme on pouvait s'en douter, la section rythmique est implacable, avec une basse ronronnante et une batterie peu avare en roulements de toutes sortes. Ce morceau permet aussi de voir l'étendue du talent de Dewey Bragg, hurleur en chef qui dispose d'une voix belle claire éraillée allant à merveille avec la musique roots du combo. Et là où ces messieurs sont malins, c'est qu'ils varient les plaisirs tout au long de l'album, embrayant avec un morceau bien plus groovy, Hangman où les harmonies vocales à la "Alice in Chains" sont de sortie conférant un caractère désenchanté et légèrement plaintif au morceau. Puis retour par la case heavy avec le très entrainant Voodoo Doll et direction ballade obscure avec Gates From Hell, au jeu tout en retenue, aux arpèges menaçants et au chant qui résonne dans toutes les parois du studio.

Et le reste de l'album est du même acabit, alternant entre pièces rapides (Old Man, Revenge), doom en diables (Time & Time Again, Rise From the Shadows) et autres mid-tempo (tempi ? tempo ? choisis ton arme) à vous en déboiter la nuque (Up in Flames, We're All Gonna Die) tout en gardant un son reconnaissable et une patte certaine. Cela dit, le résultat s'avère quelque peu inégal, des morceaux comme Old Man, Rise From the Shadows ou bien Time & Time Again semblant trop automatiques pour être pleinement convaincants. D'autant plus que les morceaux proposés en ouverture savent faire mouche, ainsi que Strange ou encore Up in Flames et Revenge pour les plus marquants. Un album alternant donc entre le bon le très bon et le moins bon (disons plutôt générique), mais surprise, Kill Devil Hill se permet d'inclure dans cet album une ballade acoustique "presque country" (Mysterious Ways) qui sent bon les bayous et démontre que derrière leur trognes de méchants, ces zicos sont en fait de gentils agneaux.

Alors en définitive, que vaut ce "Kill Devil Hill" ? Ce qui est sûr c'est que pour un premier album la bande s'en tire avec plus que les honneurs, arrivant à mélanger plusieurs influences évidentes pour en faire une musique assez personnelle. Le groupe s’octroie même le luxe d'accoucher de véritables hits (War Machine et Voodoo Doll) mais peine à réitérer l'exploit sur toute la galette et nous livre aussi quelques morceaux légèrement plus dispensables. Cela dit, avec une identité aussi marquée et de tels musiciens, si le groupe ne se repose pas sur ses lauriers, il a le potentiel pour déplacer des montagnes. En attendant, retrouvez-les sur la route en tournée avec Adrenaline Mob pour une affiche 100% bûcheron !

PS : détail amusant, comparez les photos promos de ces deux groupes, admirez la moue de méchant que font tous les musiciens et remarquez que les seuls à sourire sont...les batteurs...

PS2 : et nous passerons sous silence l'artwork assez affreux et maladroit...

0 Comments 20 mai 2012
Whysy

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