3 ans après Tyranny voici le tant attendu Legacy. 3 ans, c’est peu quand on connaît le rythme auquel nous avait habitué Shadow Gallery.
Bon, commençons par commencement ; la pochette. Alors une fois de plus c’est pas le nirvana, je vous laisse jugez par vous-même. Ce phare est une création originale de Cadden-James, le bassiste, qui, rassurez vous, est drôlement plus doué pour la basse que pour les pochettes d’album. Mais bon ne vous fiez pas à ça, Shadow Gallery a vraiment un don pour ne pas harmoniser ses idées avec son visuel.
On attaque avec Cliffhanger 2, qui ressemble étrangement au Cliffhanger du second album Carved In Stone, et ce n’est pas pour nous déplaire. La première partie du morceau passe très bien, ça se dégrade ensuite un peu à mon goût avec ce son de guitare un peu nasillard (les mauvaises langues diront que c’est typique du prog). Notons aussi que le son de batterie est toujours aussi étouffé ce qui est sûrement dû au fait que les américains enregistrent tout eux même dans leur studio. Vient ensuite Destination Unknown : magnifiques chœurs, tout en douceur, sympathique.
On enchaîne avec Colors et plus ça va, plus c’est clair : Shadow Gallery a un sens incroyable de la mélodie. Bien sûr y aura toujours des détracteurs pour dire que c’est trop guimauve, etc… Moi, je m’insurge. Alors comme ça on a pas le droit d’être un peu sentimental tout ça parce qu’on est un groupe de 6 gros barbus buveurs de bières ? Shadow Gallery assume son côté fleur bleue et c’est tant mieux.
4ème chanson, Society Of The Mind, assez “colérique” (ce qui n’est pas sans rappeler Tyranny), s’en suit Legacy : deux morceaux qui paraissent étrangement courts dans la masse de l’album.
Bon là, l’heure est grave, voici venu First Light, 34 minutes et 18 secondes, excusez du peu.
Habituellement je suis pas adepte des morceaux à rallonge très tarabiscotés mais là je dois bien admettre que je ne les ai même pas vu passer ces 34 minutes. First Light, c’est quelque chose d’assez incroyable. Avant même de rentrer dans l’analyse du morceau lui-même, rendons nous bien compte qu’il existe des groupes qui font un album en 34 minutes (si, si, j’en connais). C’est tout bonnement ébouriffant.
Passons donc aux choses sérieuses, tout commence avec une intro faites de plages planantes, refrain désarmant, guitares puissantes, quand, tout à coup, à la 23ème minutes, le morceau s’arrête. Ce qui est vachement fort pour un morceau qui devait durer 34 minutes. En fait il s’agit « simplement » d’un blanc. Et oui, on a beau dire, on a beau faire, sans silence, y a pas de musique. Donc un blanc. Puis on entend des voix discuter au loin et, enfin, quelqu’un qui frappe à une porte pendant un bon (long ?) moment. Je vous cache pas mon soulagement quand quelqu’un se décida finalement à lui ouvrir cette porte. J’avoue qu’à première écoute on se demande un peu où Shadow Gallery veut en venir, peut-être pour voir si on suivait. Finalement, le morceau se termine en beauté et en finesse.
Globalement cet album est réussi, même si beaucoup de fans ont été déçu en comparaison du précédent album qui, c’est vrai, est une merveille. Ici les solos sont moins entraînants, moins intenses et les parties de piano classique se font très rares, dommage.
Un petit mot sur les textes tout de même qui sont légèrement moralisateurs, mais ont peut pas leur en vouloir, ils ont ça dans le sang : ils sont américains. Le thème est le suivant : il s’agit d’un type qui recherche une planète à coloniser car l’homme a pourri la terre. Ca vous rappelle rien ? Armageddon, Le 5ème élément… une vrai biographie de Bruce Willis (le final du dernier morceau s’apparente d’ailleurs pas mal a une musique de film).
Bien sûr, si vous n’êtes pas fan de prog, ça ne sera pas pour vous l’album du siècle mais je tiens à préciser pour leur défense qu’ils sont d’excellents musiciens et qu’ils font du prog intelligent. Cet album est très bien ficelé, on reste cloué sur place par tant de subtilité et de virtuosité. Et même si leur musique est millimétrée, métronomique, rythmiquement très inspirée, c’est un réel plaisir de tomber sur un titre comme First Light où l’on sent que les américains se laissent aller à une musique moins calculée.
Rappelons que Shadow Gallery bénéficient de moyens financiers très limités ce qui les ralentis malheureusement dans leur ascension vers les sommets du prog (se faire connaître sans pouvoir financer une tournée c’est pas simple). Du coup ces messieurs ne sont pas prêts de tomber dans le piège du format radio.
Bref, Shadow Gallery, c’est sans concession.
Line up :
Mike Baker : chant
Brendt Allman : guitares
Joe Nevolo : batterie
Carl Cadden-James : basse
Gary Wehrkamp : claviers, guitares
Chris Ingles : claviers
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