Vous recherchez quelque chose ?

Il flotte comme une drôle d’odeur dans l’air ces derniers temps. Vous ne trouvez pas ? Comment ? Vous n’avez pas remarqué ? Mais si. Pourtant c’est bien là. Autour de nous. Depuis le 27 avril pour être précis… Une étrange atmosphère à faire revivre les légendes presque disparues du metal. Toujours pas ? Ouvrez grand vos oreilles. En ce printemps 2012, le doom, le vrai, le vieux, est à l’honneur ! Saint Vitus a sorti un nouvel album. Tout simplement.

Die Healing est sorti en 1995. A part un DVD sorti en 2007, les voix de Saint Vitus s’étaient tues depuis 17 ans. Et, comme un DVD c’est bien peu en comparaison d’une nouvelle production, c’est dire que Lillie: F-65 était attendu au tournant. L’histoire de Saint Vitus est longue, compliquée, et faite de séparations, de retours et de disparitions. Malgré ça, les fans ont toujours répondu présents et c’est pour ça que  Dave Chandler, Mark Adams et leur bande ont décidé qu’il était temps  pour le groupe de se faire entendre à nouveau.

A première vue la durée de Lillie: F-65 peut paraître un peu courte par rapport au temps l’attente a duré. 34 minutes, 7 morceaux, emballé c’est pesé. Saint Vitus ne prend pas de détour, ni n’entoure sa musique d’artifices superflus. A la place de l’album fleuve qu’on aurait été en droit d’avoir, les américains livrent une œuvre condensée qui annonce la couleur dès la première note. Condensée mais pas minimaliste car, en musique, la durée ne fait pas l’album et Lillie: F-65 n’est un exemple parmi tant d’autres de la réussite et de la maîtrise que peuvent représenter les disques plus courts.

En revanche, au niveau musical, Saint Vitus n’a plus rien à prouver, à personne. Et Lillie: F-65 parvient à tirer son épingle du jeu avec tellement de facilité que ça en est presque agaçant. L’opus pourrait scintiller s’il n’était pas si sombre dans ses thèmes abordés. Les musiciens n’ont  pas perdu leur feeling et les morceaux en témoignent. De « Let Them Fall » à « Withdrawal », Saint Vitus nous promène dans un univers très lent et incroyablement désenchanté mais qui fascine avec sa beauté  égoïste. Exactement de la même manière que les lamentations tristes de Born Too Late avaient été applaudies en 1986.

Les riffs sont peut-être un peu moins ronronnants, plus anguleux qu’avant mais ils siéent  à l’ambiance froide de l’opus. Dave Chandler abat toujours un travail de titan à la guitare. Il propose des lignes calmes mais déterminées qui font tout le charme de Lillie: F-65. Rien n’est déplacé ou incongru. Saint Vitus parvient à faire sens en douceur, sans entourloupe.  « Vertigo » et « Withdrawal », dépourvues de chant,  sont mystérieuses et sombres à souhait. « The Waste of Time » est un titre doom où les combines cache-misère sont absentes mais où la sincéruté rayonne, dans la pure plus tradition du genre en quelque sorte. De manière générale, de toute façon, Saint Vitus a su donner à leurs nouveaux morceaux l’âme triste et la lourdeur qu’on attendait d’eux.

Le doom n’est pas le genre déconne et rigolade par excellence.  Bon, ça, tout le monde le sait (j’espère en tout cas que je ne vous apprends rien en disant ça). Si vous cherchez du fun, vous avez frappé à la mauvaise porte.  Sans surprise, le nouveau disque de Saint Vitus ne fait pas exception à la règle. Scott "Wino" Weinrich, qui n’avait pas participé à l’aventure Saint Vitus depuis 1989 mais est considéré par beaucoup comme le chanteur « historique » de la formation, n’a rien perdu de sa superbe en la manière. Il parvient toujours à chanter la mélancolie et autres vertiges avec une application qui force le respect. « Let Them Fall » et « The Bleeding Ground » résonnent de sa complainte déchirée à en tordre les entrailles. Grâce à son timbre un peu tremblant, le chanteur parvient presque à reprendre le cours du temps là où le groupe s’était arrêté.

Il n’est pas possible pour un album d’être lucide pourtant c’est ce qui caractérise Lillie: F-65. Il reste dans la musique de Saint Vitus une sorte de franchise intemporelle qui permet au groupe de composer des morceaux tels que « Let Them Fall » qui, presque sans le vouloir, fascine et intrigue. Lillie: F-65 est touchant et c’est peut-être le plus beau compliment qu’on puisse lui faire.

Le temps a passé mais Saint Vitus n’a pas fléchi. Il est resté fidèle au son lent et lourd avec lequel il a commencé. Tant pis si la scène metal qui a vu naître le combo américain n’existe plus tout à fait à l’identique, Saint Vitus a su composer un album intemporel rempli du son doom traditionnel que les Californiens ont  aidé, il y a longtemps, à façonner. Donc, vous n’avez pas le choix. Le mois prochain, au Hellfest, allez rendre hommage comme il se doit à Saint Vitus. Ou plus tard (ou plus tôt c’est vous qui voyez) sur les autres dates de la tournée. Peu importe mais bougez-vous les fesses ! Vous ne le regretterez pas !

Nola

0 Comments 19 mai 2012
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus