Power Metal / Crime Records / Novembre 2018
Note : 7/10
Imaginez. Vous avez découvert et grandi avec le Power Metal pendant son âge d’or, la décennie des années 90 et le début du 21ème siècle, les dragons et les épopées héroïco-fantaisistes auxquels ils appartiennent vous ont accompagnés pendant toute votre jeunesse. Et puis, un jour, être un fan qui consomme quotidiennement cette musique si chère à votre cœur n’est plus suffisant (sentiment peut-être accentué avec la dite baisse globale de qualité ces dernières années). Le besoin de recréer ces moments magiques de la « bonne » époque est trop fort. Il faut agir, et vous agissez. C’est probablement l’histoire de Marius Danielsen, qui a eu la volonté de créer un Metal Opera/Supergroupe avec une pléthore de musiciens issus de cette période où le Power Metal était à son apogée. Après un premier album en 2015, il revient cette année avec sa deuxième partie, Legend of Valley Doom Part 2, bien plus abouti. On retrouve sa marque de fabrique, à savoir le grand nombre de guests, avec des notamment membres à la guitare ou à la basse de Stratovarius, Primal Fear, HammerFall, Blind Guardian, Power Quest et autres. Au chant, on retrouve donc forcément le grand Michael Kiske accompagné de nombreux acolytes, mais avec une notion spéciale pour Olaf Hayer, qui avait un peu disparu des radars après sa collaboration avec Luca Turilli pour ses premiers albums solos et pour le groupe Dionysus (rien d’écrire ce nom me donne un sourire et me renvoie de nombreuses années en arrière… Ah, Anima Mundi !).
Bien, mais le résultat me direz-vous ? La réponse est assez compliquée… Pour faire simple, si ce qui vous a tapé dans l’œil est « Power Metal à l’ancienne avec Kiske », je vais vous faire gagner du temps, écoutez Angel of Light, la chanson speed/power de l’album avec des montées dans les aigus. Pour la même chose sans les aigus ni Kiske, écoutez Visions of the Night, By the Dragon’s Breath et Temple of the Ancient God (la meilleure à mon sens avec Angel of Light). Pour le reste, composé majoritairement de ballades/mid-tempos le résultat oscille entre du très sympa (Princess of Lariana’s Forest) et du plutôt moyen malheureusement. Et ça m’embête vraiment d’écrire cela, car on sent que Marius Danielsen déborde de bonnes intentions et veut recréer ce que les « grands » avant lui ont fait. Probablement dû à cette envie, le premier point négatif sont les lyrics. Vous me direz que les lyrics de Rhapsody et consorts ne s’apparentaient pas à du Shakespear, mais ils avaient l’avantage d’être cohérent à leur thématique et donnait un côté "kitsh" qu’on prenait plaisir à aimer. Ici, les paroles semblent être écrites par quelqu’un qui a gardé son âme d’enfant, étant assez naïves au stade d’être parfois agaçantes (Tower of Knowledge, une des rares chansons où les paroles du refrain m’ont rendu son écoute difficilement possible). L’autre souci, c'est qu’aussi fan qu’il puisse être (je pense que je pourrais discuter avec lui pendant des heures de nos groupes phares), il n’a toutefois pas le talent de ses inspirations. Certains morceaux restent très bons, notamment les solos produits par les invités sont parfois excellent, mais le résultat global n’est, à mon sens, pas à la hauteur du projet (guests de premier ordre, thème épique, orchestre, illustrations merveilleuses – regardez d’ailleurs les clip pour les lyrics video, géniales !), ce qui est un crève-cœur.
La note est donc très compliquée à mettre. Je suis généreux pour l’envie, l’effort fourni et la bonne humeur qui s’en dégage, si vous n’avez pas la même sensibilité pour le genre et cette époque remise en avant, vous pouvez lui enlever 0.5-1 point. Je vous recommande tout de même de lui laisser sa chance, en tout cas pour les excellents solos et quelques morceaux speed. Et qui sait, peut-être que je suis devenu un « vieux con » et que la magie n’opère simplement plus chez moi, mais fonctionnera pour une nouvelle génération ?
There can be only one : Angel of Light
