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Vous avez toujours rêvé d'un croisement entre black metal, punk, heavy mélodique et rock festif ? Vous êtes un peu bizarre sans doute. Heureusement pour vous, ce groupe existe ! Et en plus, réjouissez-vous, car il est très bon !

Les norvégiens de Kvelertak (« étranglement ») sont un peu les petits frères turbulents d'Audrey Horne, du moins avant l'excellent virage seventies de ces derniers. Et même, à bien y regarder... Allons-y de plus près. Sans doute l'un des derniers bastions du metal un tant soit peu original, la patrie des plus grands black métalleux du siècle dernier nous offre aussi un puissant et bien bandant renouveau rock 'n roll. C'est dire, parfois j'avais l'impression d'entendre du Black Rebel Motorcycle Club avec un chant black/trash. Parfois seulement. Parce que la plupart du temps, les étrangleurs vous donnerons l'impression que BRMC (que j'adore) ou tout groupe pseudo rock/bikers (genre Black Label Society) a été casté par le Disney Club.

Pour les amateurs, imaginez-vous un cross-over Sons Of Anarchy et The Walking Dead. Des bikers jusqu'au-boutistes et des zombies bien gore, une musique de mecs en somme. Oui, c'est vrai que Kvelertak est puissamment bâti et sérieusement testostéroné, mais que cela ne rebute pas nos chères consœurs de la gent féminine, je suis sûr que certaines d'entre elles seront sensibles à ce charme musqué.

Faudrait pas oublier un détail : à cet assemblage WD-SOA, je rajoute une grosse dose de finesse et de qualité d'écriture. On se retrouve donc avec un mix Sons Of Anarchy, The Walking Dead et The Wire. Ou alors, Audrey Horne, Darkthrone et Enslaved. J'aime la Norvège. Il serait donc réducteur de qualifier cet excellent combo de black 'n roll, ses racines sont profondes et remontent jusqu'aux Stones et Stooges, en s'attardant très agréablement sur du Sabbath période Bloody Sabbath.

Passons cette introduction inutilement longue et entrons dans le vif du sujet : Meir. Deuxième album de la bande, Meir est un assemblage cohérent de morceaux puissants, aérés, aux riffs destructeurs et recelant de nombreuses pépites mélodiques, de manière à rendre l'ensemble bien plus digeste. L'oreille avertie saura même déceler des accents prog-psyché dans certains développements ! Alors comment fais-t-on pour s'en sortir, de ce maelström d'influences diverses et variées, bien digérées ? Une solution simple, Kvelertak y a pensé pour vous : il suffit d'écouter le premier morceau.

En intro, une montée en puissance lente et majestueuse, une rapide prise d'infos nous confirme que les guitaristes sont au nombre de trois. Et puis le premier d'une longue série de riffs, dévastateur, mais dans un sens entraînant, un sens qui donne envie de... danser. Oui danser, pas du tango évidemment mais des sauts furieux, si possible torse nu, et selon le contexte en écrasant un maximum de pieds autour de soi. Le cri énervé de Erlend Heljvik, plus metalcore que purement black metal, vient parachever l'ensemble : bienvenue en enfer, mais un enfer sacrément fun.

Au premier abord, Meir est donc une collection de perles brutales et dansantes, souvent rapides et expéditives, comme je le disais plus haut, jusqu'à ce que le fantastique Nekrokosmos nous laisse entrapercevoir une autre facette du groupe, cette capacité à tisser des ambiances plus complexes, entre black metal et heavy-prog. Une deuxième écoute s'impose et effectivement, on constate en écoutant plus attentivement l'album que même les morceaux les plus énergiques et qui semblent un peu simplistes regorgent de sonorités puissantes, délicates et travaillées. Si si, les trois en même temps.

On mettra en avant les beaux et majestueux Trepan et Undertro, le furieux Brenn, et encore le très Rush-esque par moments Tordenbrak, même s'il me semble difficile de sortir des morceaux de ce Meir tant sa cohérence semble parfaitement réussie. Bien sûr, les limites inhérentes au style sont là, même quand le groupe sonne comme du Ghost il revient rapidement à un riff destructeur ou un cri barbare. Frustration ? Oui et non. Si on aime le style, et j'aime le style, c'est largement suffisant, le groupe se perdrait à trop développer c'est certain. Il perdrait en fraîcheur et spontanéité, ses principales forces actuelles. Pourtant, le potentiel est là, on le sent, on l'entend même.

Faudrait-il alors que Kvelertak se scinde en deux parties distinctes, l'une pour continuer à bourriner, et l'autre pour faire du heavy prog aéré ? C'est évidemment trop leur demander, et puis on verra bien ce que l'avenir nous réserve, celui des norvégiens semble des plus brillants.

0 Comments 13 avril 2013
Whysy

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