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Quelle bonne idée a eu le combo speed-heavy-prog italien DGM, d'inviter Russell Allen à chanter sur le premier morceau de leur nouvel album, Momentum. Ce Reason est magnifique du coup, puissant, rapide, rempli de mélodies, et en plus c'est le meilleur morceau de l'album.

Pas que le reste soit mauvais, loin de là, le riff de Trust risque d'ailleurs de vous prendre à la gorge dans des proportions tout à fait réjouissantes, un truc de malade, comme on dit. Après avoir chroniqué trop de daubes ces derniers temps, je me fais plaisir avec un album qui dépote sévère, avec enfin un guitariste capable, tant au niveau des solos que des riffs, et puis un chanteur puissant, au timbre juste, du vrai, du bon, du plaisir.

Pourtant, dès le deuxième morceau, un doute insidieux s'installe. Je pensais, vu le premier morceau, vu l'ambiance et les impressionnants moyens déployés pour nous convaincre que DGM était un groupe de heavy-prog à la SX, que DGM était un groupe de... Vous m'avez compris. Quelle ne fut pas ma surprise en constatant la présence fréquente d'éléments mélodiques empruntés à l'AOR, de passages plus légers, moins prog, parfois enchaînés avec un solo de guitare ultra powerful. Ou l'inverse. Trust par exemple, solo de guitare génial, solo de clavier ahurissant, puis refrain à la House of Lords. Hum, bizarre.

En fait, non, j'avais juste oublié que dans speed-heavy-prog y a speed, qui veut dire rapide, vous le saviez, mais qui est aussi fréquemment synonyme de « faible », « inconsistant » ou « branlette », au choix. C'est dommage, d'avoir d'aussi bonnes idées musicales, de les agencer intelligemment, de saupoudrer de solos exceptionnels mais de structurer le tout autour de mélodies chantées aussi limitées, peu originales et beaucoup moins passionnantes. J'ai eu la même impression sur tout l'album, chaque morceau est à l'image de cette description réductrice. Je suis sans doute beaucoup trop exigeant, parce que dans le fond c'est loin d'être mauvais. Mais y avait un tel potentiel !

Technique déjà, c'est celui qui va vous apparaître en premier : les mecs sont hyper forts. Mais vraiment, ça fait du bien. Et les morceaux comptent tous leurs moments de virtuosité, mais il serait dommage de ne pas mentionner que tout cela me semble surtout tenir à la performance exceptionnelle du guitariste, Simmone Mularoni, un tueur de première, un bretteur fantastique. Et si vous êtes, comme moi, sérieusement fâchés avec les guitaristes de metal qui ne font que des solos calibrés, répétitifs et sans imagination, Simmone va vous réconcilier avec le genre. N'est pas Jeff Waters qui veut, bien entendu, mais dans son genre Simmone, que je découvre depuis quelques jours, est un cador.

Potentiel musical aussi : les morceaux sont excellents, je pense à Pages notamment, ou Repay, le slow assez sympathique, ou encore l'épique et merveilleux Void. Tous sont portés par un riff d'entrée au pire réjouissant, et les structures et lignes de chants sont globalement d'une qualité conséquente. Dream Theater, de toute évidence autre grande référence du groupe, est aussi présent de ci de là, comme sur Overload par exemple. Manque donc ce petit soupçon d'originalité dans la voix de Mark Basile, qui va parfois en faire un peu trop en essayant de ressembler à Russell Allen.

On peut le comprendre, si Allen est le maître à chanter de tous ces braves gens c'est pas pour sa belle gueule. Mais observons tout de même qu'Allen a réussi, sur ses deux précédents opus avec SX, à changer de direction et quitter quelque peu (Satan merci) le néo-classique-baroque-pue du cul qu'était SX auparavant. Et puis, comme on a pu le constater, ses collaborations avec Lande, Star One ou Adrenaline Mob lui ont permis de varier sa palette, de s'aventurer sur des terrains moins conquis et de s'attirer de nouveaux fans qui ne l'aimaient pas du tout, voire l'ignoraient royalement. C'était mon cas. Du coup, c'est un peu dommage de ne pas s'être inspiré de sa grande qualité, à mon avis, sa versatilité, un mot péjoratif je sais mais je n'en ai pas de meilleur. Passons, cette chronique est à propos de DGM.

A retenir de cet album, malgré ce sentiment d'inachevé, de très bons morceaux, une puissance réjouissante et un guitariste magnifique. Ne pas avoir osé remettre en question leur modus operandi est sans doute ce qui leur coûte cette impression d'une musique parfois un peu circonspecte et balisée. C'est bien dommage, d'autant plus que les italiens ne sont pas des perdreaux de l'année : Momentum est leur dixième album !

Que dire alors ? Avec cette expérience, ils n'ont plus rien à prouver, ils pourraient se permettre d'aller plus loin et d'évoluer ? D'un autre côté, difficile de reprocher à un groupe de de cette longévité (20 ans d'existence) de s'être installé dans une certaine forme de routine. Le dixième album de Maiden c'était The X Factor, celui d'Helloween Rabbits Don't Come Easy. Et je ne vous parle pas de celui de Black Sabbath. Au temps pour moi, il s'agit de Mob Rules, je m'incline.

A la lumière de ces comparaisons douteuses, il semble évident que nous avons de la chance que ce groupe ait encore assez de jus pour nous offrir un dixième album aussi enlevé. Il ne reste plus aucun membre d'origine, ceci explique peut-être cela.

0 Comments 09 avril 2013
Whysy

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