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L'exceptionnelle capacité créatrice d'Andreas Hedlund, alias Vintersorg, ne cessera jamais de m'étonner. On en connait, des artistes capables de pondre un album par an. Mais des musiciens du calibre du suédois, qui participent chaque année à un album de qualité, en tant qu'auteur, compositeur et interprète, toujours avec la même rigueur et la même exigence? Il n'y en a guère du niveau de Vintersorg.

Depuis quatre ans, Hedlund a participé très activement à deux albums de Borknagar (Universal en 2010 et Urd en 2012), un album de Cronian (Erathems en 2013) et donc trois albums de Vintersorg (Jordpuls en 2011, Orkan en 2012 et Naturbal en 2014). Et la grande satisfaction, si ce n'est guère une surprise, c'est que ce Naturbal est issu d'une des meilleures cuvées de cet intarissable hyperactif, le filon folk-black écolo crypto-paganiste, chanté en suédois, duquel étaient déjà issus les excellents Jordpuls et Orkan. Naturbal est le troisième tome d'une tétralogie basée sur les éléments, et dont le sujet est donc le feu, au vu de la pochette, et du titre de l'album (qui signifie Brasier de la Nature, oui ça donne moins bien en français). Après le pouls de la terre et l'ouragan, voici donc le feu de joie, et Hedlund a cherché à coller à son thème en proposant un album puissant et énergique, renouant avec quelques grands moments de black metal dont il a toujours le secret.

Même s'il ne s'agit pas non plus de la recette du coca, il y a une touche Vintersorg, qui tient en premier lieu à sa voix, qu'il module au gré des morceaux et des ambiances. Mais c'est également un mélodiste extrêmement doué, ce qui le différencie nettement de la plupart de ses collègues dans le domaine plutôt brutal qu'est le black metal. Et c'est peut-être ça sa spécificité, ce petit plus qui fait chaque nouvelle production signée Hedlund porte un gage de qualité. Dès l'intro du premier morceau, Ur Aska Och Sot, on comprend que cet album fera partie des bons, de ceux que l'on réécoutera. Le mélange est bien là, et il fonctionne toujours: explosivité et mélodies s'alternent, se renvoient la balle, parfois au son d'un couplet crié et d'un refrain chanté. Cette méthode, qu'Hedlund développe depuis toujours, a porté ses fruits, et sans surprise elle garantit que l'on ne s’ennuiera pas à l'écoute de ce Naturbal.

Parfois même, Vintersorg se permet de friser l'excellence, atteignant des niveaux de composition qui ne sont plus vraiment les siens: le magnifique refrain d'Overallt Och Ingenstans par exemple, ou encore la mélodie très classic black (si j'ose ce néologisme) de Natten Visste Vad Skymningen Sag. Mention spéciale au magnifique Elddraken, qui pour le coup évoque très clairement les plus grandes heures de Borknagar, cette combinaison unique de rudesse, d'énergie et de pureté mélodique. Du côté des déceptions, on retiendra surtout la présence parfois envahissante des parties de cuivres et de cordes, jouées au synthé et qui semblent parfois n'être là que pour combler une certaine sécheresse harmonique, sans avoir de véritable utilité musicale. Et c'est dommage d'ailleurs, car je ne vois pas en quoi cet ascétisme instrumental aurait pu nuire, même s'il est vrai qu'un album sur le thème du feu se devait sans doute d'être grandiloquent.

Avec Naturbal, difficile de dire que Vintersorg frappe un grand coup: les productions récentes de l'artiste se ressemblent (et c'est volontaire en ce qui concerne la tétralogie des éléments) parfois de manière trop explicite, et cet album ne va pas apporter beaucoup d'eau au moulin. Néanmoins, il serait malhonnête de faire la fine bouche: quand on a la chance d'avoir un mec aussi talentueux et productif qu'Andreas Hedlund autant en profiter, et il y aura toujours des artistes pour nous faire attendre des années. Et parfois même pour pas grand chose.

0 Comments 26 juin 2014
Whysy

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