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« óendanlegur », c'est-à dire infinité en islandais, langue toujours conservée par Solstafir... et sans doute le mot qui représente le mieux ce que l'on (je en tout cas) ressent en écoutant ce nouvel opus éminemment attendu des islandais. Sobriété, efficacité, beauté sont au rendez-vous, à un tel point que les mots me manquent pour décrire cette musique si pure que l'on aimerait qu'elle ne s'arrête jamais. « Ótta » en islandais toujours, c'est la dernière partie de la nuit, celle qui se trouve un peu entre deux, celle où l'on devine que la lumière ne va pas tarder et pourtant le monde est toujours plongé dans le noir, celle qui est propice au rêve aussi... et cet album illustre en fait les différentes heures de la journée (par cycles de 3 heures, par exemple «  Rismál » est environ 6 heures du matin, «  Dagmál » 9 heures et ainsi de suite), c'est tout simplement le cycle de la vie sur un jour qui est représenté d'une manière assez mélancolique et qui sonne à mes oreilles comme un appel à partir loin dans les contrées islandaises... Cet album est un tel aboutissement que son prédécesseur «  Svartir Sandar » pourrait presque passer pour sa (très longue) introduction !

Mais entrons dans le vif du sujet si tant est que l'on puisse dissocier le fond de la forme sur ce que je qualifierais de véritable chef-d’œuvre... La production est impeccable, le son comme déjà évoqué d'une clarté absolument remarquable , les compositions assez minimalistes (c'est du Solstafir quand même!) et terriblement efficaces. Ce qui nous amène à ce qui caractérise sans doute le mieux cet album à mon sens : sa sobriété, et cela jusque dans son artwork, noir et blanc, représentant un vieil homme sur une plage aux falaises déchiquetées et une mer agitée, à la façon d'une image de film (et personnellement je ne peux m'empêcher de penser au « Vieil Homme et la Mer » d'Hemingway...) : une représentation de ce cycle de la vie ? Car oui il existe définitivement une dimension cinématographique, un peu à la Ennio Morricone, dans l'enchaînement de ces morceaux : un film triste (dans « Miðaftann «  par exemple), un film d'errance ? Chacun se fera son idée et c'est ça qui est beau aussi, cet opus reste ouvert à interprétation.

Puisque je pense très sincèrement qu'écouter cet album morceau par morceau serait un énorme gâchis, mais qu'il s'agit bel et bien d'un tout, je ne m'aventurerai pas ou peu à faire du track by track pour tout analyser, ce qui serait une insulte à la magie opérée ici à mon sens, appréciez la musique, laissez vous emmener dans un ailleurs où « Lágnætti » rime avec alternance piano calme et guitares électriques savamment distillées, où «  Rismál » sonne avec plus énervé, toujours avec une maîtrise impressionnante et cette voix si particulière et attachante d'Addi.

Quel tour de force pour les cow boys islandais ! On a bien fait d'attendre cet album avec autant d'impatience, moi qui pensais qu'après le dernier opus il serait quasiment impossible de faire mieux, quelle erreur de ma part ! On atteint ici un autre niveau, celui où la musique vous transporte dans un autre univers, fait de sons, de sensations, et d'une forme de plénitude... Chapeau bas pour ce travail admirable, l'une des toutes meilleures sorties de l'année pour le moment à mon avis et vivement que l'on puisse voir le groupe en live !

0 Comments 28 août 2014
Whysy

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