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Question musique. Vous gardez la main? Top ! Je suis un groupe, composé de trois membres permanents et d’exogènes venant se fixer au trio au gré des enregistrements. J’ai débuté ma carrière il y a déjà quinze ans mais je n’avais jusqu’ici produit que quelques démos et un petit EP. Ma musique s’inspire d’un courant de musique métal, popularisée par Symphony X ou encore  Communic. Je suis issu du même vivier de talents que Lynyrd Skynyrd et Limp Bizkit. Mon premier album s’intitule Outsiders et est depuis peu dans les bacs, je suis ?! Je suis ?! Skyliner ? Vous me dîtes Skyliner ? C’est un oui ! Oh là, là, là, là, là, là, là ! Oh je dis oui, je dis oui, oui, oui ! Fantastique, formidable ! Magnifique. Skyliner, groupe de power prog nous venant tout droit de Jacksonville, en Floride, dont le premier album sort cette année : Skyliner, 2 points.

Produire un premier album n’est pas chose aisée. Il faut trouver son style pour ne pas être noyé dans la masse, composer de bons morceaux pour ne pas lasser l’auditeur et obtenir un rendu sonore correct pour que la production ne rebute pas le chaland. Chroniquer un premier album, ça non plus, ce n’est pas une sinécure. Il faut savoir être indulgent, mais pas trop ; critique, mais pas cassant. Difficile d’exiger le même niveau de qualité d'un Skyliner que d’un Iron Maiden avec des décennies de carrière. Enfin bref, passons. Je vous le dis, comme ça, tout de go, de but en blanc, Outsiders est un album plutôt bon. Oula, nuance, plutôt bon, pas juste bon, que se passe-t-il ? Contextualisons. Non ce verbe n’existe pas, et alors ? C’est prog, j’invente.

Skyliner propose une musique qui se veut power prog, à mi-chemin entre les compositions complexes et les refrains entraînants, qui rappelle tour à tour Stratovarius, Iron Maiden, ou encore Symphony X. C’est là que réside le premier souci de l’album. Skyliner souffre d’un réel manque d’identité. Ils n’ont pas ce petit je-ne-sais quoi (en français dans le texte) qui les aurait rendus uniques, originaux. On navigue donc en territoire connu. Ne vous attendez pas à la surprise du siècle. Ceci dit, les premières compositions sont intéressantes et réussies (le refrain d'Undying Winds est taillé pour le live !) Chaque musicien a droit à son heure de gloire, et les rythmiques sont loin d’être plans-plans. Becker, guitariste, et compositeur du groupe, est également un bon chanteur. Bon, là vous allez me dire, les refrains sont accrocheurs (du moins en première partie d’album), les musiciens se débrouillent et le chanteur fait le taf : qu’est-ce qui cloche ?

Homogénéité et absence de mélodie. Si le morceau d’introduction laisse croire à un rôle important des claviers dans l’album, il n’en est rien. En dehors de la première piste, les claviers se font extrêmement rares, et c’est probablement cette absence qui empêche ce groupe de power prog de décoller. Tous les morceaux se ressemblent, et aucun des riffs n’est particulièrement mélodieux, ce qui m’empêche, même après plusieurs écoutes intensives, de vous fredonner la moindre partie instrumentale. Si vous voulez vous passer de clavier ou d'une deuxième guitare, ajoutez de la fantaisie à la première, enfin! Certes les refrains sont catchy, mais c’est bien tout ce que l’on retiendra d’une première écoute. Cette absence de mélodie et de modulation se fait surtout sentir lors des couplets, où la voix est parfois complètement à côté de la plaque. Mais rassurez-vous, Outsiders compte quand même de beaux morceaux de bravoure.

Au nombre des réussites, on retrouve donc les premières pistes, sans concession, efficaces dont la froideur rappelle parfois Stratovarius, et dont l’énergie fait penser à Gamma Ray. Aria Of The Waters lorgne du côté de Symphony X et rappelle The Accolade, en proposant une petite pause semi-acoustique au milieu de l’album. Mais le point d’orgue de tout bon album de prog, c’est l’epic de vingt minutes en clôture de galette. Et Skyliner ne déroge pas à la règle. Seulement voilà, à l’image de ce groupe qui peine à trouver un point d’équilibre entre technique instrumentale et mélodies accrocheuses, Worlds Of Conflict semble ne pas trop savoir où donner de la tête. Ça débute comme un morceau épique, digne de The Odyssey ou d’A Change Of Seasons, et ça se termine en riffs ambiants à la Amplifier. Ça manque de cohérence. Un peu comme la qualité des pistes, qui sont souvent un peu trop longues pour leur propre bien (rien sous les 7 minutes à part l’intro, c’est un peu indigeste quand le génie n’est pas au rendez-vous !) Si le début de l’album est un solide condensé de heavy power à tendances progressives, aux refrains efficaces et aux riffs incisifs, la suite est nettement moins convaincante, comme The Human Residue notamment, qui est probablement la piste la plus faible de l’album. Skyliner est donc un groupe en quête d’identité. Ils délivrent un album de qualité, mais bien trop classique, et dont les influences sont trop audibles pour que le processus créatif ne s’enclenche vraiment. C’est un coup d’essai, c’est sympa à écouter, mais pour vous la faire courte, moi, je pense que ça ne deviendra réellement intéressant qu’à partir de leur deuxième album. Écoutez tout de même Undying Winds et Forever Young, ça vaut le coup d’oreille.

Courage les mecs, vous faîtes du bon boulot, c’est bien produit, ça sonne bien, maintenant il faut trouver votre ingrédient secret rien qu’à vous. Indice pour vous chez vous : la salsepareille et le gui sont déjà pris.

0 Comments 14 mars 2014
Whysy

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