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Au moment où Royal Hunt prend un tournant décisif pour sa carrière avec la sortie du deuxième volet de Paradox Collision Course, il convient de se pencher sur l’étoile majestueuse du passé discographique de cette formation. Et oui, amis lecteurs, cela fait déjà 11 ans que le chef d’œuvre absolu de Royal Hunt, Paradox est paru et je tenais à célébrer cet anniversaire par une chronique . Je préviens tout de suite que cet album m’est cher et qu’il me renvoie inexorablement à une époque pas si lointaine mais finalement révolue où le sommet de la classe était pour moi de porter un Tshirt rose fluo Agassi avec un bandana noir et une veste en jean frappée de l’écusson des Guns and Roses. C’est par conséquent une œuvre fortement teintée de nostalgie et de subjectivité que je vais commenter aujourd’hui.

Le groupe était alors composé, outre de l’inamovible mentor claviériste André Andersen, du premier guitariste Jacob Kjaer et du bassiste Steen Morgensen et de l’incroyable DC Cooper dont la voix si caractéristique, douce et magnifique, large et personnelle est tout simplement inimitable. Il fait d’ailleurs sa dernière parution pour les chasseurs royaux avec cet opus. Allan Sorensen assure les percussions mais il est crédité que de la mention « additional musician » alors qu’il fera partie du groupe sur l’album Fear. Le groupe a énormément eu de mal à se séparer du batteur originel, le flamboyant Kenneth Olsen, pour des raisons de santé et il laisse vraisemblablement la porte ouverte à son retour en n’intégrant pas tout de suite un nouveau frappeur de fûts. D’ailleurs, une fois ses soucis réglés, il rentrera à nouveau dans le groupe (avec The Mission) avant de le quitter à nouveau.

La quatrième production des Danois est un album concept des plus passionnants qui expose une réflexion très travaillée sur Dieu, les relations entre le croyant désabusé et l’être suprême, et les interrogations bien humaines sur l’infini, l’absolu, l’éternité du divin. La question principale qui se pose en toile de fond de l’œuvre est de savoir, si dieu existe, pourquoi laisse-t-il la souffrance envahir ses enfants? Ce concept est saisissant car il n’impose pas une réponse définitive à l’auditeur et on passe successivement, parfois au sein d’un même morceau, d’une complainte résignée devant l’impuissance divine à un réquisitoire martelé à l’encontre du très haut. Il n’y a pas de conclusions définitives (les deux derniers titres se contredisent) ni de discours étouffants comme sur le très propagandiste dernier Neil Morse : L’auditeur a plus l’impression de suivre le développement poétique d’un conflit intérieur, d’une âme égarée et désarmée par ses questions très humaines qui ne peuvent recevoir de réponses, que de subir un prêche. Un concept riche avec des paroles très abouties et pourtant pas prétentieuses.

Mais attention, amis lecteurs, le concept est aussi dans le livret, inénarrable :p Les membres apparaissant individuellement torses nus dans un halo fluo qui brouille leur trait avant de se retrouver en beaucoup plus net mais toujours torse nu sur la double page centrale !! Mes enfants toute une époque ;) si c’est pas la classe, ça nom d’un chasseur unibouliste transformé en dragibus par Sylvain Mirouf . Surtout que séparément nos fiers danois feraient de superbes couvertures pour le magazine Menhealth (que celui qui n’a jamais piqué le magazine féminin de sa copine en vacance me lapide à coup d’apéricubes saumon) ! Mais ce n’est pas tout, amis lecteurs ! Une étrangeté se révèle à l’observateur pointilleux : Le guitariste a sur sa photo en solo un tatouage sur le sein droit (un ours des plus élégants) alors qu’il présente une poitrine immaculée mais velue sur la photo de groupe (si,si, vérifiez amis lecteurs sceptiques ;) ) Est-ce un tatou effaçable d’un malabar collector danois ? L’a-t-il fait faire entre les deux photographies ? L’a-t-il effacé par photoshop ?? Les questions se multiplient dans mon esprit tourmenté mais il est temps de laisser la place à la musique.

Alors nous avons affaire à un Power métal très mélodique où le clavier se partage la vedette avec les guitares de Jacob Kjaer : jamais chez Royal Hunt, l’équilibre entre les deux instruments n’aura été aussi subtilement réalisé pour parvenir à l’harmonie. Les parties de guitare ne sont pas là que pour accompagner les mouvements de M. Andersen, elles sont très présentes (acoustique sur l’introduction The Awakening ou sur le début et la fin de Long way home, vivaces sur Tearing down the world, relevées dans l’ensemble et dispensant des soli tonitruants sur tout l’album). L’attention est tout au long de l’album interpellée par des interventions théâtrales comme cette déclamation exaltée concluant River of pain(qu’on imagine aisément provenir d’un vieillard à la barbe prophétique et au regard fou), ce passage à l’orgue avec des chœurs féminins qui fait penser à une prière sur la fin de Time will tell avant qu’un rire sardonique et des coups de bâton sur le plancher terminent de manière énigmatique ce titre magnifique au solo de guitare libératoire.

Et que dire des mélodies d’André Andersen… endiablées et irrésistibles sur Tearing down the world, un titre énorme où tous les couplets sont excellents et le refrain Teeeeaaaaaaring Down- Toooooo the woooorld !!! Exceptionnel. Trois autres titres sont aussi particulièrement impressionnants, mélodiques et très accrocheurs. Tout d’abord, Message to God, une lettre au divin qui débute par un air majestueux au piano avant que la basse, la guitare et le clavier produisent une rythmique vindicative. Un moment personnel et intimiste que l’on retrouve sur Long way home qui s’apparente à une lente montée progressive vers un final défouloir où DC Cooper harrangue plus qu’il ne chante un couplet sous forme de slogan avant que Jacob appose un solo sensible et beau. Enfin le très relevé Time will tell où là encore, les lyrics sont épatants (combien de fois ai-je fredonné : « yeah, I do appreciate, you’re the one who gave this kind of faaaaate !"). L’introduction est très saccadée entre envolées subites et jouissives au clavier et temporisations à la basse pour une sensation de plaisir montant qu’on arrête volontairement pour se ressaisir et en reprendre davantage (ça vous rappelle rien amis lecteurs ??). :p

L’album se conclut par un diptyque très relevé où les mélodies vocales sont encore sublimes avec introduction au clavecin pour Silent Scream qui révèle la face la plus tourmentée du concept et le final It’s over qui renie la supplique du précédent titre pour affirmer l’indépendance hésitante et toujours remise en cause de l’homme face à l’au-delà.
Mais nom d’un ptit mousse qui donne son cerveau pour la science, que faites-vous encore là, amis lecteurs, précipitez-vous y jeter une oreille !!!!!!

0 Comments 15 mars 2008
Whysy

Whysy

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