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Pour ceux qui ne les connaissent pas, Amon Sethis est un groupe de Grenoble qui joue un métal mélodique à thématique Egyptienne. Ce genre de métal thématique est devenu assez répandu, surtout quand il est affilié à un concept. « The Final Struggle » est donc la suite scénaristique de leur précédent album, « The Prophecy ». Cette idée a tendance à donner de la profondeur à une œuvre donnée. Seulement, pour que tout cela se tienne, il est nécessaire que la musique soit suffisamment évocatrice et bien construite. Cela est-il le cas pour cet effort ? C’est ce que nous allons voir.

L’album s’ouvre sur une intro (une fois n’est pas coutume) très ethnique dont les sons ne sonnent pas trop synthétique. Une voix parlant une langue qui parait être une langue du moyen orient nous mène alors sur un moment épique dont la couleur musicale change totalement. Nous avons là les deux grandes thématiques musicales de l’album : des couleurs très orientales (super phrygien) et des moments plus « heavy épique à l’occidentale ». Ce mélange est le bienvenu pour éviter la monotonie harmonique et l’intro nous plonge bien dans l’ambiance. Elle réussit donc son rôle d’intro.
Débute alors Shadow The Light, morceau démontrant ce que je viens d’avancer avec un couplet très Super phrygiannique (mode arabe) et un refrain plus power. Mais avant d’aller plus loin dans l’analyse musicale, nous allons parler de la production. Celle-ci est en effet vraiment bonne. Chaque instrument est à sa place et on entend tout très clairement. La batterie ne sonne pas amateur bien qu’un peu froide. La basse est très présente et ses lignes sont fort intéressantes ! (HALLELUJAH !!!) et les guitares sont dotées d’un bon timbre et sont bien exploitées (les solos sont très biens). Les sons de claviers sont les seules timbres qui sont parfois assez peu naturels mais ses parties apportent parfaitement l’ambiance nécessaire à ce que veut le groupe. On entend bien le timbre du chant dont la qualité technique est indéniable (malgré quelques faussetés). Le timbre est d’ailleurs assez original et peu courant, ce qui est un plus. L’accent anglais laisse cependant, parfois, un peu à désirer. Fort bien, l’album passe l’épreuve de la production assez brillamment (voire mieux que certains groupes plus fortunés) et la qualité technique des musiciens n’est pas discutable. Qu’en est-il donc de la composition ?

Avant toute chose il faut savoir que « The Final Struggle » n’est pas un album qui vous prend comme auditeur actif comme d’autres œuvres du genre "prog" pourraient le faire. En effet, la plupart des morceaux ont une structure très simple et des phases très contemplatives comme « Asseim Tenemrâ » dont le riff de départ est excellent et où la seule différence entre couplet et refrain est la ligne de voix qui s’étend avec de longue note intenses. Le break reste bien construit mais il sert de support à la voix narratrice. On notera malgré tout beaucoup d’idées rythmiques intéressantes tout au long du disque (décalage de la batterie, mesures impaires et autre joyeusetés). Les instruments sont donc plus là pour nourrir l’ambiance que pour se mettre réellement en avant. Le groupe sait toutefois le faire comme avec l’intro de « Exterminate the Earth » qui est beaucoup plus « écrite » et dont la voix gutturale apporte un petit plus. L’album possède tout de même son petit lot d’hymnes power comme le refrain de « Hope » ou de « Shadow The Light » qui sont des mélodies très accrocheuses.

Harmoniquement le groupe se permet très peu de sortie hors du super phrygien (un des nombreux modes arabisants) et de la gamme mineure naturelle (pour les parties plus power). C’est un peu dommage car on en sent parfois les limites. La musique d’Afrique du nord étant beaucoup plus riche en termes de phrasés et de choix de notes, le groupe aurait pu faire plus de recherches de ce côté-là afin de plus nourrir son propos. C’est d’ailleurs une idée que je les invite à mettre en pratique pour leur prochain effort. Cela n’empêche pas certaines parties d’être harmoniquement très bien écrites, comme les chœurs du refrain de « Ateravis The Commander » dont les nombreux retards (procédé d’écriture) et l’écriture plus horizontale donnent un vrai plus à l’écoute.



Je ne m’étendrais pas sur la ballade « The Eyes Of The Sun » qui, selon moi, est une faute de goût. En effet le morceau sonne beaucoup trop variétoche et ne sert absolument pas la profondeur du propos. De plus c’est le seul moment de l’album où on pourra reprocher une mise en place un poil approximative. D’autres idées auraient pu être meilleures pour remplacer le morceau afin de respecter le concept du disque.
Il est maintenant temps de s’attaquer au plat de résistance. En effet, le dernier morceau, « The Final Struggle » affiche 25 minutes au compteur. Ce morceau fleuve clôt-il l’album en beauté ? C’est ce que nous allons voir.

Le morceau ne manque pas de variété et d’ambiances. Certains passages sont d’ailleurs excellents comme le moment plus « extrême » avec guttural et double pédale. Cependant, le titre devient vraiment intéressant à partir de 10 minutes (quand on entre dans le temple d’Osiris à priori), le début étant un poil trop mielleux (en dehors du moment extrême). A partir de là, l’ambiance est plus mystique et le tout prends un meilleur liant, le début donnant trop une impression décousue pouvant  décourager à l’écoute (ce qui peut poser problème dans un morceau long). La partie plus ethnique avec batterie percussive et basse qui est vraiment bonne et la fin qui s’ensuit auraient d’ailleurs pu clôturer la pièce. En effet, remettre le refrain du début à la fin n’était pas nécessaire après toute l’intensité musicale de la seconde et troisième partie.  

Au final, cette pièce finale ressemble plus à un assemblage de plusieurs morceaux qu’à un long morceau avec sa raison d’être, ce qui est un peu dommage. Le titre n’est pas dénué d’intérêt mais il aurait pu être plus réussi si des transitions plus écrites avaient été intégrées. Je comprends le besoin scénaristique de la fin « en trop » mais, musicalement, elle n’apporte rien.

Malgré tout, « The Final Struggle » n’est absolument pas un mauvais disque. Il faut savoir l’écouter avec le bon esprit afin d’en saisir tout l’intérêt. C’est comme cela que l’œuvre se révélera à vous. De bonnes idées y sont parsemées en grand nombre et le tout est servi par une bonne production et des musiciens de qualité. De plus, le groupe a vraiment fouillé son background pour ce qui est du concept et c'est assez rare pour être souligné. Certains passages sont discutables et l’harmonie aurait pu être plus élaborée mais l’aspect contemplatif est original. Le disque s’en sortira donc avec un 7/10. Il faut espérer qu’Amon Sethis va persévérer dans l’approfondissement de ce que peut-être la musique orientale afin de pousser encore plus loin son concept et d’atteindre des sommets sur son prochain effort.

0 Comments 10 septembre 2014
Whysy

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