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Allez, les loups de Kurfürstendamm sont de retour, une fois encore. Car c’est avec cette régularité terrifiante propre aux tiroirs-caisses du power teuton que Powerwolf délivre, depuis maintenant huit ans, ses productions iconoclastes, pleines de clichés et de traits d’esprits d’une lubricité animale qui ferait pâlir plus blancs que la pleine lune les lycanthropes les plus affamés de la forêt noire. C’est à croire qu’ils cherchent à faire interdire définitivement le HellFest, ces bougres. Et pourtant, je dois bien avouer que je me laisse avoir, à chaque fois, par ces peinturlurés au cachet d’aspirine. Pourquoi ? Allez comprendre. Bible Of The Beast est un chef-d’oeuvre, une perle d’efficacité, avec un son monstrueux : ça tombe bien, l’album fleure bon la Transylvanie. Quant à Blood Of The Saints, même s’il ressemble à s’y méprendre à une version alternative de l’album précédent, à un ramassis de faces B, bah… il convainc néanmoins. Des albums jumeaux, si vous préférez, mais maléfiques, le Docteur Jekyll et le Monsieur Hyde du power d’outre-Rhin. Alors, quid de cette nouvelle mouture, qui s’annonce d’ors-et-déjà, à l’écoute du trailer, comme un énième clone du diamant noir du groupe ?  Voilà, maintenant que le contexte est posé, vous pourrez comprendre pourquoi je ne vais pas m’attarder trop longtemps sur cette rondelle venue de l’Est. Ils ont toute l’éternité devant eux pour produire le même album tous les deux ans, mais nous autres chroniqueurs ne sommes que de simples mortels, alors venons en au fait. Preachers Of The Night est un bon album de power. On y trouve tous les ingrédients qui ont fait le succès de Powerwolf au fil des ans : des refrains accrocheurs, une voix puissante, majestueuse, d’une sublime cruauté, des mélodies catchy, des choeurs et même quelques fulgurances instrumentales.  Alors qu’est-ce qui cloche ? Si ce n’est le glas d’une ère pour le power, c’est peut être tout simplement cette impression de déjà-vu, ou plutôt de déjà-ouï, qui transcende l’album de bout en bout tel le fer de Van Helsing. Amen & Attack, c’est le tube que tout le monde connaît, sans même l’avoir entendu, tant il est convenu et régurgité. Oui mais voilà, c’est l’éternelle question. Faut-il condamner un groupe pour reproduire ad vitam aeternam une recette qui marche ? Tout d’abord, condamner un loup immortel à quoi que ce soit me semble bien malavisé d’un pur point de vue logique. Après quoi, jugez l’album en fonction de votre philosophie de vie. Trop de bonnes choses peuvent-elles gâcher votre plaisir ? Oui ou non à la modération ? Stop à l’auto-plagiat ?  Mais si je suis aujourd’hui derrière mon écran, c’est pour vous donner un avis, et c’est bien ce que je compte faire. Gardez à l’esprit que je me garderais bien de causer du tord à un loup affamé de liquide, mais voilà, trois fois de suite, c’est un peu trop. Si la première partie de l’album est plutôt bonne, et même parfois très bonne, comme sur le tonitruant Secrets Of The Sacristy, il tombe assez vite en décrépitude, et passé Cardinal Sin, point de salut pour nos amis germains. Ironique, n’est-il pas ? Alors, certes, le titre chanté en allemand, ça nous change, et ça donne un côté martial et imposant à une composition déjà efficace, mais comment vous dire ? Lust For Blood s’empêtre dans ses refrains poussifs et ses riffs inutiles, et Last Of The Living Dead me donne envie de composer moi-même ma complainte. C’est longuet, sans grande utilité. Powerwolf avait de quoi composer un EP, pas un album.  Ceci dit, en regard de la qualité des premières pistes, difficile d’attribuer une mauvaise note à ce Preachers Of The Night. J’éprouve notamment un sérieux engouement pour Sacred & Wild, la meilleure composition de cette galette (je ferais bien une analogie avec le Petit Chaperon Rouge, mais ça va être redondant, à force !) Enfin, il y a fort à parier que Powerwolf va continuer à s’enliser dans ce marécage infect d’éternelle répétition, et même si j’apprécie grandement le groupe, son autodérision et sa musique, toujours aussi bien produite (ce son, les enfants, ce son !) c’est bien la dernière fois que je leur pardonne. Euh… ou alors peut être juste encore une fois.

0 Comments 26 février 2014
Whysy

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