Vous recherchez quelque chose ?

La première partie de la remarquable carrière d'Europe s'est arrêtée abruptement peu après leur cinquième album studio, Prisonners in Paradise, sorti en plein boom de la scène Grunge. Leur maison de disques de l'époque n'ayant pas vraiment aidé le groupe, en ne soutenant pas correctement la sortie du disque. Les musiciens ont dû, de plus, enregistrer de nouvelles chansons afin de plaire à Epic Records ; du coup, en plus des 12 chansons qui figurent sur cet album, il y en a 13 autres écrites pour celui-ci qui ont été laissées de côté. Certaines ont été réutilisées ailleurs (Yesterday's News, New Love in Town, …), d'autres n'ont jamais été exploitée commercialement.

Prisonners in Paradise, a reçu une couverture médiatique moindre que les albums précédents des Scandinaves, et s'est moins bien vendu.
Pourtant, ce disque regorge de bons titres, pêchus, dynamiques. La direction prise ici par le groupe annonce déjà ce que deviendra le son d'Europe sur le prochain album studio Start From The Dark, une dizaine d'années plus tard ;
Des chansons comme Got Your Mind in the Gutter, Talk To Me, ont une parenté évidente avec Wake Up Call, par exemple.

Si le groupe reste un groupe de Hard FM, il propose ici des morceaux plus durs par leurs sujets (Talk to Me, Got Your Mind in The Gutter, Girl from Lebanon, Bad Blood, ..,), et par leur composition. Malgré le peu d'attention qu'il a reçu, ce disque est, de loin, le meilleur d'Europe première période, avant même The Final Countdown. Malgré les années, il n'a pas pris une ride, et délivre sa dose d'émotions.

Les morceaux entraînants s’enchaînent, la rythmique tape dur, Joey Tempest chante avec tripes et conviction, la guitare de Kee Marcello virevolte, souligne les envolées de clavier ; les compositions de qualité se suivent, sans se ressembler.
C'est un animal sauvage qui feule, qui se débat, qui griffe auquel nous avons affaire ; loin du félin apprivoisé auquel on s'attendrait.

Alors, certes, il existe bien évidemment quelques moments faibles sur l'album. Mais à part les ballades Homeland et Til My Heart Beats Down your Door dont ils auraient pu (dû?) se dispenser, tout le reste vaut largement le détour.

L'album commence fort avec All or Nothing qui donne tout de suite le ton : ça va vite, ça va fort, c'est énergique, ça se retient bien. Le morceau suivant est l'un des tout meilleur de l'album, Halfway to Heaven, un titre qui donne la pêche et représente à lui seul les vibrations positives qui se dégagent de cet album.
Mais celui d'entre tous à retenir, s'il n'en fallait qu'un, demeure Talk to me : Agressif, entraînant,  et passionné.
Prisonners in Paradise, qui donne son nom à l'album, quant à lui, est l'un des plus doux ; mais il renferme des mélodies imparables. Le thème, social, a une résonance singulière dans le contexte économique actuel.
Le disque se clôt sur une superbe power ballade, aux claviers nostalgiques qui met en exergue une guitare aux riffs gorgés d'émotions qui prouve, si besoin en était, quel orfèvre est Kee Marcello.

Europe est au sommet de son art sur cet album généreux, aux compositions fortes. Chaque musicien est au mieux de sa forme, et délivre une performance de haute volée. Les titres les meilleurs sont vraiment marquants, les moins bons se laissent malgré tout écouter sans torturer les oreilles de l'auditeur car ils sont justes passables, pas vraiment mauvais.

Mais alors, que s'est-il passé ? Ce disque aurait dû catapulter Europe parmi l'élite des artistes planétaires, tant il a de qualités ; mais voilà, le Grunge a surgi avec force juste à ce moment-là, faisant tourner les têtes de toutes les maisons de disques qui ont lâché leurs poulains, sans scrupules, l'appât du gain étant le dieu tout-puissant de ces boites sans âmes.

Prisonners in Paradise est une progression logique dans la carrière du groupe, qui élève pour l'occasion son niveau de jeu et d'écriture de chansons. Il confirme la capacité de Joey Tempest à composer des titres de grande classe, et le talent de ses compagnons, notamment Kee Marcello dont ce devait être le dernier album avec le groupe.

0 Comments 04 février 2014
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus