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Raintime connaît la chanson puisque Psychromatic est le troisième album de la formation italienne. Proposant un death mélodique teinté de power qui adoucit la musique, nos voisins sont bien décidés à démontrer qu’ils ne sont pas une énième copie du genre dans un paysage aussi saturé que compétitif. Ainsi, ce nouvel opus se veut résolument différent, prouvant que le groupe est capable d’évoluer. L’idée est louable mais quand est-il du résultat ?

Tout d’abord, les titres qui apparaissent sur Psychromatic forment un ensemble fluide et bien combiné.  Ils nous offrent un dégradé de couleurs parfaitement assorties. Les ambiances et les mélodies s’enchainent naturellement les unes après les autres. Si l’auditeur n’est jamais surpris durant l’écoute, il n’est pas non plus balloté dans tous les sens comme une vulgaire poupée de chiffon. Cette belle unité est renforcée par l’efficacité des chansons (« Fire Ants » et « Fake Idols»). Ne vous attendez pas à des titres longs avec de nombreux changements d’atmosphères. Raintime fait au plus simple conférant au disque un côté rapide et un aspect direct qui le rendent facile d’accès.

Je me permets de souligner tout de suite ces détails de l’album pour que vous sachiez que tout n’est pas à jeter dans Psychromatic.

Malheureusement, en y regardant de plus près les choses se corsent. Et, pour le coup, on a envie de courir se mettre à l’abri, parce que le ciel se couvre vraiment.

Dans la grande opération de nettoyage décidée par Raintime, le chant crié s’est visiblement perdu en route. Il est toutefois remplacé par moments par un ersatz de growl trop simpliste, qui me rebute particulièrement (« Nothing But A Mistake »). Le chant clair, quant à lui, se taille la part du lion dans la nouvelle donne. Malheureusement, il est noyé sous des effets qui le rendent extrêmement linéaire, à la limite de l’artificiel. Résultat, le son est lisse à souhait mais il est incapable de procurer la plus petite once d’émotion. L’ensemble est trop mécanique, trop propre. On retrouve le même défaut au niveau des mélodies qui sont presque trop uniformes. Les rythmiques en arrivent même à être insupportables (« Turned Up And Down »).  Quand on écoute Psychromatic, on a la nette impression que Raintime a voulu complètement épurer sa musique et se débarrasser de tout le superflu. Le problème est que ce qui reste est trop faible pour permettre de produire un bon opus.  Et surtout pas une musique mature. En effet, Psychromatic ne permet pas au groupe d’avancer. On a plutôt le sentiment que Raintime essaie subitement de faire machine arrière, attiré par quelques sirènes étranges cachées dans la tête des musiciens ou les recoins sombres du monde de la musique.

J’ai eu la nette sensation que Raintime tente de rattraper en chemin un autre genre. Le death mélodique est vraiment faiblard, et ne « brille » que rarement alors qu’on ne l’attendait plus. Les solos sont presque inexistants (« Beaten Roads ») et l’aspect power est relayé encore plus loin, dans les oubliettes de nos souvenirs, ou du temps qui passe.

Psychromatic me laisse vraiment un gout amer. Le groupe nous livre un album complètement aseptisé, presque vide de toute substance. On se retrouve à écouter l’album de loin, sans avoir l’impression d’être concerné ou pire, sans être vraiment certain qu’il s’adresse à nous. Psychromatic se porte, tout seul, à bout de bras, péniblement, presque par miracle. Ce qui me gène le plus c’est qu’on doive souffrir avec lui.  Mais, avec de la chance (ou beaucoup d’abnégation), vous ne serez pas d’accord avec moi et vous arrivez à discerner ce que je n’ai pas su voir (ou entendre) derrière le rideau de pluie qui brouille le ciel mais surtout la musique.

Nola

0 Comments 13 mars 2010
Whysy

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