Vous recherchez quelque chose ?

Quelques fois, souvent même, il est important de prendre son temps, de réfléchir un peu à ce que l’on va faire, de ne pas se lancer tête baissée dans l’aventure. Surtout, surtout si on fait de la musique. Et surtout si les albums précédents sont de bonne, voire très bonne, facture. Amis musiciens, soyez surs de vous en cédant aux sirènes de la production d’opus trop rapprochés.

J’ai bien conscience que je juge le nouvel opus d’Audrey Horne un peu durement mais il me semble aussi important de replacer ma relative déception dans son contexte. Pour ceux qui ne connaissent pas, Audrey Horne est un groupe hard rock/post-grunge originaire de Norvège qui compte notamment parmi ses membres Arve Isdal, alias Ice Dale, le guitariste d’Enslaved. Avec cinq albums à son actif depuis 2005, Audrey Horne est une valeur sure de la scène hard rock. Le combo est connu pour ses titres frais et enlevés prompts à faire danser les foules. En 2013, Audrey Horne sort le très bon Youngblood qui savait faire ressortir les meilleurs aspects de la musique hard rock. C’est pourquoi j’ai été plutôt étonnée de constater qu’en cet automne 2014, le groupe norvégien remettait déjà le couvert avec un nouvel opus, Pure Heavy. Alléchée par cette sortie aussi soudaine qu’inattendue, j’avais hâte de savoir ce qu’Audrey Horne avait à nous proposer.

Apres quelques écoutes, il faut malheureusement se rendre à l’évidence. Si Audrey Horne réussit toujours à composer des morceaux entrainants, dans la droite lignée de leurs précédents albums, Pure Heavy peine à atteindre le niveau de ses prédécesseurs. Pourtant, le disque commence bien (comme Youngblood d’ailleurs) avec deux titres bien composés, parfaits pour la voix énervée du chanteur Toschie, « Wolf in my Heart » et « Holy Roller ». Aucune des chansons deux n’est vraiment originale mais, avec leurs refrains qui fonctionnent bien et leurs mélodies heavy qui ronronnent comme des moteurs bien huilés, elles permettent à Pure Heavy de commencer plutôt bien. Et tant pis si « Wolf in my Heart » n’est pas vraiment « Redemption Blues » et si les paroles sont moins inspirées, la recette fait toujours mouche.

Le problème c’est que l’opus ne tient pas la longueur. Les morceaux deviennent vite lassants et la sauce ne prend pas. C’est comme si en mettant en avant le côté plus heavy de leur musique les Norvégiens avaient perdu en originalité. « Out in the City » et « Volcano Girl », par exemple, sont justes moyens et malgré quelques bon riffs ou effets de voix ne décollent jamais vraiment. On sent « Out in the City » lourde à en devenir caricaturale. Il est tellement dommage de voir les musiciens se démener mais ne pas arriver à pas grand-chose. C’est même un problème récurrent qui revient tout au long du disque. Ainsi, si « Waiting for the Night » est pleine de promesses à l’écoute de l’intro enjouée, le titre peine à convaincre avec son refrain répétitif et convenu.

Mais paradoxalement, mon plus gros grief ne vient pas des chansons trop conventionnelles… Parce que bon, il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles, une ballade de 1 minute 30 c’est inacceptable !!!! C’est comme mettre une pâtisserie sous le nez d’un enfant, la retirer juste au moment où l’enfant va l’attraper et rester pour le ou la regarder pleurer. C’est tout simplement cruel. Et pourtant c’est qu’Audrey Horne fait en refusant de faire de « Diamond » une ballade complète. C’est d’autant plus rageant qu’on connait le talent du groupe pour compenser de beaux titres plus doux (« Sail Away » sur l’album éponyme par exemple).

Bref, en plus de cet inadmissible oubli, Audrey Horne a l’air tout simplement moins inspiré, moins chaleureux. Le disque reste, dans son ensemble, moins articulé, plus abstrait. Il a plus de peine à toucher son auditoire. Certains morceaux deviennent anecdotiques (« High and Dry », « Boy Wonder ») et on ne peut s’empêcher de regretter les anciennes mélodies du groupe, ce qui est, au final, plutôt mauvais signe. La belle voix de Toschie, la production soignée, les riffs parfois groovy de Pure Heavy n’y changent rien. Il manque bel et bien un [s]petit[/s] gros quelque chose pour que l’ensemble fonctionne. L’opus peut se fondre en arrière-plan mais il ne peut pas s’imposer.

Je ne suis pas sûre que le fait que Pure Heavy sorte l’année qui suit la parution de Youngblood soit directement corrélé au manque d’inspiration du groupe. Je ne suis pas non plus sûre que le fait qu’Audrey Horne ait sorti deux albums durant deux années consécutives soit nécessairement une indication de l’état de l’industrie musicale qui pousse les artistes à produire toujours plus pour satisfaire le sacro-saint devoir de consommation. Mais quand même, je ne peux m’empêcher de me poser la question. Parce qu’Audrey Horne aurait dû sortir un meilleur album, parce que Pure Heavy aurait dû être différent… parce qu’on ne sait pas toujours comment réagir quand on est un peu déçu par un groupe qu’on apprécie…

Nola

0 Comments 12 octobre 2014
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus