Vous recherchez quelque chose ?

Inattendue. Voilà comment je qualifierais cette première offrande de At The Soundawn. Très jeune groupe d’origine italienne, ils n’ont pas choisi la facilité avec « Red Square : We Come In Waves ». Affichant des influences telles Tool, Isis ou Neurosis, nos Italiens livrent un album plein de promesses. C’est à une musique très personnelle que nous avons à faire ici. Partant d’une attitude et d’une base musicale « post-hardcore » , At The Soundawn est parvenu à créer une musique texturée à la fois belle, écrasante, éthérée.

Écrasante par sa relative violence et son agressivité latente. Après tout, comme toutes formations « hardcore », At The Soundawn construit sa musique dans une certaine souffrance. Chant crié et riffs glaciaux forment un magma musical orchestré par un jeu de batterie très aérien et inspiré. À la fois doux et brutal, cet album cultive les paradoxes. C’est d’ailleurs ce qui le rend si intéressant. Nos Italiens ont élaboré un univers musical étrange et cède au syndrome que j’appelle le « Janus ». « Red Square : We Come In Wave » est un album à deux visages qui alterne les phases de tempête et les phases de douceur extrême lors de somptueux passages instrumentaux aux couleurs jazzy, bluesy ou atmosphérique.

C’est de là que l’album tire sa beauté. Les compositions sont structurées de telle manière que chaque phase découle naturellement de l’autre, et malgré leur antagonisme, elles se complètent. C’est par cette alternance d’ambiance que l’on aperçoit l’excellent travail d’écriture et la recherche stylistique dont chacune des chansons a fait preuve. Ces 7 titres regorgent de richesse, et malgré leur durée parfois assez courte témoignent d’éléments progressifs indéniables. At The Soudawn joue avec ses ambiances, c’est alors que les musiciens parviennent à créer de véritables paysages sonores. C’est en cela que l’album devient touchant. On ressent la souffrance partagée entre le chant crié et le chant clair, presque féminin du somptueux passage atmosphérique de « Phone Will » (~2min). La scission « hardcore / jazz » présente sur « Rain Falls » hérisse le poil. Tandis que la courte « One Day Before » nous subjugue d’émotion par son audacieuse construction.

C’est là la force des mélodies. At The Soundawn use de procédés parfois très spéciaux pour construire et développer ses ambiances. Qu’il s’agisse de filtres sur les vocaux clairs, d’échos ou même de sons électroniques indistincts. La sublime ouverture « Slight Variations » démontre cela par ses superbes breaks atmosphériques à la fois éthérés (~1min30) ou sur fond de trompette (~3min) et s’érige en délice des sens. Ainsi, les riffs les plus violents frappent par leur froideur et leur impact, tandis que les mélodies s’en retrouvent sublimées. Il faut avouer que la production est admirable et parvient à sublimer aussi bien les parties métal, que les parties atmosphériques. D’ailleurs, les deux ont été travaillées avec autant de finesse et de soin.

Je suis sous le charme de cet album. Un disque qui a su me toucher par la finesse de ses ambiances et l’intelligence de son écriture. Il suffit d’écouter les magnifiques « Slight Variations », « One Day Before » ou « Phone Will » pour comprendre à quel point ce groupe possède une singularité, et une musique personnelle. Certes il subsiste de légères influences, mais ces gars ont l’art et la manière de se les approprier pour mieux nous charmer. À vrai dire, le seul reproche serait sa faible longueur. À peine 28 minutes pour 6 chansons et 1 instrumental ( « Sundown In Rome » ). Il s’agit également d’un bon argument pour le laisser tourner en boucle, car il dévoile ses richesses mélodiques et émotionnelles sur le long terme. J’en suis tombé amoureux, et je vous le recommande chaudement, pour un peu que vous soyez ouvert d’esprit et attiré par les musiques intelligentes, expérimentales, mais réussies avant tout.

…TeRyX…

0 Comments 11 avril 2008
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus