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Equilibrium. Je sais que pour nombre d’entre vous, la simple évocation de ce nom provoque un frisson de plaisir. Quoi de plus normal après tout ? Leur 1er album « Turis Fratyr » fut un tel succès et une véritable révélation à l’époque. Personne ne les avait vus venir ces petits Allemands signés chez un obscur label. Leur musique à la croisée du métal extrême et du symphonique, aux innombrables influences folkloriques, n’est certes pas d’une originalité folle, mais s’avère composée avec un soin particulier et un goût certain pour l’extravagance. On se rappelle d’une musique portée par un souffle épique incroyable, et une surenchère de clavier parfois maladroite. Alors certes « Turis Fratyr » n’était pas parfait, notamment dans un mixage parfois assez brouillon et une composition peu aérée, mais il était plein de promesses.

Fort d’une signature chez Nuclear Blast, Equilibrium revient avec son second album « Sagas » attendu comme le messie par bon nombre de métalleux. Que les fans de la première heure se rassurent, nos Allemands n’ont pas changé d’un poil. Au contraire, ils ont su tirer profit du passé pour offrir avec « Sagas » l’une des meilleures galettes de l’année. Et ce n’est pas peu dire. Il est indéniable que le groupe a gagné en expérience et en maturité. Tout d’abord dans la manière d’aborder le mixage. Avec des moyens d’enregistrement et d’édition plus importants, le son s’avère plus clair, moins brouillon et toujours aussi puissant. Les différents instruments semblent mieux gérés et à aucun moment on ne frôle l’overdose comme cela a pu être le cas dans le passé. On reconnaît d’ailleurs la signature sonore d’Equilibrium dès l’introduction « Prolog Auf Erben » : un souffle épique s’empare de nous et nous sommes partis pour une chevauché sauvage de près de 80 minutes au son des guitares, des flûtes, des violons et autres instruments aux charmes divers.

L’aspect dansant de chansons comme « Wurzelbert » ou « Snüffel » aux rythmiques sautillantes et aux mélodies prononcées ne sont qu’un avant – goût de la richesse de l’œuvre. Equilibrium est à l’origine d’un véritable travail d’orfèvre pour cet album d’une richesse assez incroyable. Une densité musicale telle qu’il faut de nombreuses écoutes pour en découvrir toutes les subtilités. L’aspect extravagant propre aux Allemands n’a absolument pas disparu tant on assiste à une explosion de mélodies aux couleurs et aux senteurs différentes. Les chansons virevoltent d’une ambiance festive et joyeuse à quelque chose de très sombre et violent pour toujours garder l’auditeur en haleine. Les musiciens s’éclatent vraiment, qu’il s’agisse de la batterie explosive (même si très classique) ou du clavier omniprésent. Il est toutefois dommage que les guitares soient trop souvent relayées au rang de simples accompagnatrices rythmiques. Certes « Sagas » contient de nombreux riffs, leads et autres soli, mais le groupe n’a jamais caché la royauté du clavier, instrument principal de sa musique. Au niveau de la voix, rien de bien particulier à dévoiler tant la voix, aussi bien dans les tons death profonds que black graveleux, s’avère classique et sans réelle personnalité.

Fidèle à ses habitudes, Equilibrium montre un attrait certain pour les très longues chansons. Sans forcément partir dans des digressions progressives, le groupe allemand sait varier ses ambiances au sein d’un morceau pour le rendre intéressant et singulier. Ainsi le duo « Die Weide Und Der Fluß » (7:20) et « Des Sängers Fluch » (8:03) précédées de l’instrumental « Heiderauche » formant en quelque sorte le pilier central de l’album sont un délice. A vrai dire, toutes les chansons fourmillent de détails croustillants. Toutefois il arrive que l’on perde le fil conducteur de l’album d’une part par la surenchère de mélodie, et d’autre part par l’aspect parfois assez compact et homogène de l’album. Voilà peut-être l’unique point noir de l’album, déjà présent pour « Turis Fratyr ». La composition ayant certes été améliorée souffre encore d’un manque d’aération dans la structure des chansons. Même si cela est dommageable, il s’agit de la patte propre au groupe. C’est leur style qui veut ça. On connaissait le talent d’Equilibrium dans l’écriture et la confection d’instrumentaux, le groupe nous dévoile avec le final « Mana » l’étendu de son talent. Un instrumental de 17:56 qui redéfinit le terme « épique ». Comment qualifier la qualité musicale du somptueux passage entre 5:50 et 7:00 ? Je ne sais pas s’il existe des mots pour qualifier une telle maestria, une telle beauté, une telle perfection. Tout au long de ces 18 minutes se succède une multitude de passages appelés à devenir culte et jusqu’à la fin il faut s’attendre à être surpris… Quelle superbe ligne de flûte à 16:45 ! On ne pouvait rêver mieux pour conclure un album de métal épique.

« Sagas » n’est pas exempt de défaut. Notamment un aspect compact et homogène qui gêne la lisibilité de l’album sur la longueur (80 minutes c’est massif). Mais ses nombreuses qualités en font un excellent disque. Equilibrium confirme son statut de nouvel espoir de la scène extrême folklorique et symphonique d’une bien belle manière. Ils possèdent clairement un univers propre et s’ils continuent à progresser, ils ont clairement le talent pour accomplir de grandes choses dans le futur.

...TeRyX...

0 Comments 15 septembre 2008
Whysy

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