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Un nouvel album de Trust ? Pas loin. Pas loin du tout. A 1000 kilomètres près vous y êtes. Non, le groupe du jour se nomme Kontrust et nous vient d'Autriche. Il est d'ailleurs fort possible que vous n'ayez encore jamais entendu ce nom donc sachez que ce groupe existe depuis plus de dix ans et qu'il s'apprête à sortir "Second Hand Wonderland" qui, contrairement à ce que pourrait laisser supposer son titre est leur troisième album. Très populaire dans son pays natal où le single "Bomba" a fait un véritable carton, Kontrust s'est fait relativement discret dans nos contrées et ce n'est que justice que l'on parle enfin de ce groupe.  Et pour vous situer la chose, Kontrust joue une musique très colorée, d'influences et de styles divers bien que principalement metal. Alors vous lirez de ci de là "crossover". Bon, c'est un peu le terme pour désigner les groupes touchant à tout sans pour autant verser dans l'improbable, à savoir que l'on va y retrouver un peu de neo, d'electro, de percussions tribales, d'indus, d'heavy, de reggae, ragga, tout ça en alternance, mélangé, à l'endroit, à l'envers, de profil et même en bouillabaisse. Vous l'aurez compris, Kontrust se veut un groupe plutôt ouvert et ne semble réellement pas se prendre au sérieux, en témoignent leurs clips très décalés. A partir de cette attitude, Kontrust se fait plaisir, imprègne sa musique d'une bonne humeur évidente et accentue son aspect bariolé par la présence de chants masculin et féminin ainsi que d'un percussionniste à temps plein (en plus d'un batteur quoi).  On retrouvera donc une certaine parité au niveau du chant, les deux protagonistes se complétant à merveille là où la présence féminine aurait pu n'être qu'un simple faire valoir. Disposant d'une voix sachant se faire écorchée ou mélodieuse, Agato Jarosz apporte définitivement un plus au groupe et lui permet d'affirmer une identité propre qui joue sur l'équilibre entre elle et Stefan Lichtenberger dont la voix prend parfois des airs de Sean Paul quand ce n'est pas un phrasé ragga qui il faut l'avouer fonctionne très bien... Globalement, le registre abordé par Kontrust n'est pas franchement extrême, le mot d'ordre semblant être "ouais on a des grosses guitares mais on est surtout là pour faire la teuf !", comme sur The Butterfly Defect, Bad Betrayer ou Raise Me Up, les morceaux les plus gentils de la galette. Alors pour être honnête, ces morceaux là sont les moins aventureux et si vous êtes à la recherche de quelque chose de plus audacieux penchez-vous donc sur le reste de ce "Second Hand Wonderland" !  Car Kontrust touche au génie sur certains morceaux, arrivant à allier gros son et franche déconne tout en évitant de sombrer dans le délire facile. Ici tout est fou mais avec une grosse base solide qui confère au groupe un propos crédible. Premier exemple avec Sock n' Doll qui mêle un son neo à un refrain tout enjoué puis inclut un break où l'on retrouve du reggea ainsi que du simili-yodel. Et si vous n'avez toujours pas vu le clip de ce morceau, faites-le immédiatement, ça vous marquera à vie. On retrouve par ailleurs un ton plus martial avec Rasputin qui n'est pas une reprise de Boney M mais bien un morceau nous parlant des russes avec un refrain complètement dingue et un break à la mandoline. Un peu de neo avec le bien lourd You Say What et Hey DJ! qui voit Agata s'égosiller, de l'electro metal à la "Xe-None" sur Monkey Boy et son refrain irrésistible à base de "ouhahahah ouahahahah", ou encore des morceaux plus dingues à l'image de Falling et son "dibidibidibidouuuuuu" ou d'Adrenalin qui pour le coup porte bien son nom et nous gratifie d'une intro au trombone à coulisse (après tout, tant qu'on y est hein...). On en regrettera presque que Police ne s'avère pas plus marquant que ça, ne concluant pas forcément l'album en apothéose. A part ça c'est un franc bonheur et il faut louer les guitares pour exécuter une musique aussi variée avec talent à chaque morceau.  Au final, là où Kontrust joue finement, c'est qu'il évite justement de partir complètement dans tous les sens afin d'obtenir un bon équilibre entre efficacité et humour afin de ne pas être considéré comme un joke band qu'il n'est pas. Et même si le groupe y incorpore plein d'éléments insolites, la base musicale reste cohérente : un metal simple et direct, quasiment pas de solo, des structures efficaces jamais inutilement tarabiscotées et une gnaque palpable.  Vous l'aurez compris, cet album est une réussite, frais et sonnant de façon suffisamment nouvelle pour attirer l'oreille. Là où des tas de groupes peinent à s'imposer, Kontrust a tout compris, prenant la musique pour ce qu'elle est, à savoir une grande cour de récré où l'on peut vraiment s'éclater si l'on a des idées géniales et que l'on arrive à bien les cadrer. Kontrust est donc une nouvelle valeur sur laquelle on peut compter, rendez-vous pour la prochaine offrande, ça va faire mal !

0 Comments 16 mai 2012
Whysy

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