Vous recherchez quelque chose ?

L’histoire aurait pu commencer comme ça : un groupe de jeunes suédois discute de l’avenir économique européen (si si il y en a), et un gars dit à l’autre « Briser les monopoles d’Etat, c’est franchement compliqué, regarde en France par exemple, on touche à un cheveu de leur compagnie de train et c’est la grève assurée ». « Oui mais il faut penser à l’échelle européenne, il faut ouvrir les marchés comme on a déjà ouvert les frontières. « N’empêche, casser un monopole d’Etat, c’est comme essayer de casser le monopole de Rammstein sur le métal industriel, ça reste quand même bien difficile ». Silence. Impossible n’est pas français, certes, mais impossible n’est pas suédois non plus.

La naissance du groupe Deathstars n’a certainement pas eu lieu de cette façon, mais la démarche originale du combo scandinave nous permet quand même de nous poser des questions sur le pourquoi du comment.

Et pendant que nous nous les posons, les suédois eux se lancent dans le grand bain en 2002 avec ce premier opus, intitulé Synthetic Generation. Et ils n’y vont pas par quatre chemins pour nous montrer ce dont ils sont capables. Dans le genre musique frontale qui envoie des G à la figure, Deathstars a l’air d’en connaître un rayon. Le titre qui ouvre l’album, Semi-Automatic, l’illustre bien : les riffs monumentaux, tranchants, couplés à une basse ronflante très grave et à un chant théâtral très proche de celui du géant teuton Till Lindemann (Rammstein), nous plongent dans l’ambiance froide et compacte de l’album. C’est précis, incisif, les refrains sont d’une efficacité redoutable, et l’électronique, abondant, vient apporter sa touche plus que précieuse.

Car le métal industriel brut de décoffrage, même si ça envoie la sauce pour parler familièrement, ça devient assez vite rébarbatif car trop linéaire et monolithique. Et c’est justement là que nos gaillards vont faire preuve d’originalité : en introduisant massivement des nappes claviers plutôt aériennes et des blast beat de temps à autre, Deathstars cherche à rendre le tout plus facile à digérer. Et force est de constater que la manœuvre fonctionne bien. L’apport de l’artificiel donne de l’air à un style musical qui a tendance à étouffer un peu l’auditeur, mais surtout c’est utilisé avec intelligence, on sent par la puissance de l’album que l’on a affaire à de l’industriel, mais Synthetic Generation va plus loin que ça. De là à parler de révolution, il y a un pas, mais disons simplement que le métal industriel prend ici un sérieux coup de jeune, n’en déplaise aux puristes.

La qualité des vocaux, très équilibrés, des compositions, des refrains et des arrangements démontre tout le potentiel des suédois, même si le tout reste évidemment perfectible, comme en témoignent les petites longueurs qui apparaissent au fil des écoutes.

Mais bon, comme dirait l’autre, ça bastonne sévère. C’est vrai, le gros défaut inhérent au métal industriel, à savoir une trop grande linéarité de la musique, frappe ce Synthetic Generation. A la longue, c’est un peu répétitif, mais l’apport de l’électronique contribue à rendre l’album moins pesant, plus fluide. Et le résultat parle de lui-même, on accroche tout de suite à la musique survitaminée des scandinaves. Pour un premier album, Deathstars envoie un gros coup de frais sur la planète métal indus, et croyez moi ça fait du bien !!

0 Comments 22 novembre 2006
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus