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2001, Tobias Sammet frappe fort avec un tout nouveau projet sorti de son imagination : Avantasia. L’oeuvre a depuis parcouru les années et reste malgré tout une référence dans le genre. La suite débarquée une petite année après complète le chef d’oeuvre en diffusant un métal symphonique dont la particularité première est une création reproductible sur scène, car décrivant une histoire fantastique et mettant en lumière plusieurs acteurs de la musique. Le projet colossal s’est vu décliné et la fadeur a envenimé les opus, en détruisant l’originalité première... Terrible constat dressé malheureusement. En 2003, voguant sur la lancée d’Avantasia The Metal Opera, Aina tente aussi le coup avec Days Of Rising Doom et le semi-échec retentit immédiatement. Malgré une pléiade de guests (dont Tobias lui-même), l’album dirigé par Sasha Paeth, Michael Rodenberg, Amanda Sommerville et Robert Hunecke-Rizzo fait un flop.

Alors si on se positionne sur le registre du métal opéra, on possède peu de références si ce ne sont les deux premiers Avantasia figés dans le temps dont la portée est inatteignable. Cependant, la lignée est entachée par des essais qui n’ont de véritable éclat (outre l’aspect financier), artistiquement on regrettera amèrement les suites qui ont délaissées la sonorité métal pour se rapprocher d’un rock. A l’annonce de The Land Of New Hope, Tobias raillait la création de Timo, celui-ci répliquait que personne n’avait le monopole du metal opera et qu’il n’existait véritablement pas de métal opéra étant donné que les acteurs n’échangeaient pas entre eux. Le torchon brûle entre l’ex voix mystérieuse de la tour et Gabriel Laymann ...
Timo Tolkki bien connu pour ses compositions sur Stratovarius, Revolution Renaissance et Symfonia remet le couvert sous l’impulsion de son label pour essayer de continuer l’histoire écrite par ses prédécesseurs. Les similitudes sont donc évidentes avec les prémisses du genre, on avait Tobias Sammet’s Avantasia et maintenant on découvre un Timo Tolkki’s Avalon. Car oui, le musicien ne recule devant rien pour déployer son entreprise. Pour rappel, Avantasia était la contraction de « Avalon » et « Fantasy »... Ami lecteur, fais-toi ton avis.

Ainsi le Finlandais s’entoure de Derek Sherinian, Jens Johansson, Mikko Härkin  et Alex Holzwarth et puis il rallie plusieurs voix à sa cause, certains « débauchés » de chez Tobias comme Michael Kiske, Russel Allen, Sharon Den Adel, Rob Rock et invite Elize Ryd, Tony Kakko, Magdalena Lee pour reprendre le flambeau sur son nouveau projet.
L’intrigue est développée autour d’un paysage d’apocalypse en 2055, notre planète est dévastée par des inondations, des tremblements de terre et des tsunamis. Dans ce contexte, une bande de survivants se met en chemin pour trouver ce qu’on appelle « Le pays du nouvel espoir » (traduction littérale du titre de l’album). Les épreuves rencontrées par nos protagonistes donnent lieu à un morceau dont le fléchissement mélodique est ostentatoire. Le premier constat c’est la puissance qui se dégage de The Land Of New Hope, les chansons tels que « A World Without US » ou « Enshrined in My Memory » décuplent une lecture musicale dont les mélodies sont renforcées par un accompagnement à la guitare et des refrains plus qu’entêtants.

Pour le coup, Avalon (on nommera la formation ainsi pour faire plus court), octroie une musicalité qui ravit les oreilles et renoue avec les orchestrations qu’on avait pu entendre sur Avantasia. Le soutien harmonique en début d’album est d’une richesse inextinguible puisqu’« Avalanche Anthem » déboule dans les conduits auditifs avec une véritable teneur dramaturgique. Avec « In The Name Of The Rose », on retrouve ce potentiel musical à nouveau approfondi, et ce travail donne la teinte agréable, chaude et colorée aux déluges de notes. Ainsi les ponts et les leads à la guitare sont ornementés par une assemblée orchestrale de haute volée. Les mélodies sont de ce fait renforcées et les mettent au service des émotions. Le constat de désolation sur « Avalanche Anthem » prend de l’ampleur avec des cuivres, la naissance de la combattivité des héros sur « A World Without Us » s’organise autour du clavier stratovarien et le chant de Russel a la capacité de rendre la chanson fédératrice. Les talents sont conjugués de manière chirurgicale et les guests délivrent une réelle prestation dont la délectation est plus qu’agréable.

Les titres composés ont une concrète volonté de faire renaitre le métal opéra comme on l’entend de ses cendres. La fresque dépeinte par les artistes passe par plusieurs états, on trouvera une tendance survoltée guidée par des chants issus de la scène métal avec des variés de médiums et cette richesse de timbre oriente la narration et diversifie l’album. « Enshrined In My Memory » est pourvu d’un refrain imparable, c’est sans compter sur l’utilisation optimale du chant d’Elize (elle envoie la coquine !) et d’une mélodie entrainante. Ce titre se constitue certainement en tant que morceau le plus accrocheur de l’opus. « Shine » démarre sur un tempo sirupeux et monte crescendo en puissance pour laisser libérer une effusion de chant féminin aidé par des soli de guitares qui ne font qu’embellir le passage. La tessiture soprano de Magdalena élève les arrangements dans le registre par application sporadique. Bref, c’est la chair de poule au rendez-vous.

Les parties vocales masculines sont aussi très largement utilisées et les hommes ont une certaine ressemblance. La différence se joue sur le timbre, ainsi sur « We Will Find A Way », on distingue très peu le chant de Tony, a contrario, celui de Rob Rock s’empare des chansons d’une main de maître et le panel vocal qui s’ouvre évolue au gré des instrumentations. Michael Kiske dont la voix est connue de tous fait le lien et a le rôle de conclure l’histoire. Soulignons au passage le jeu incroyable d’Alex à la batterie sur « To The Edge Of The Earth » qui bat tous les records ! Le tempo s’accélère et finit par perdre contrôle en fin de morceau et c’est cette douce folie qui apporte ce vent de fraicheur à la structure musicale. La perforation mélodique est salvatrice, les modulations nécessaires pour permettre une meilleure lisibilité.
Timo répond aux standards du genre avec l’apparition de « I’ll Sing You Home » qui est la ballade en fin d’album qui marque l’achèvement du périple jonché d’obstacles et dénote à la fois l’épuisement et le point final des pérégrinations des protagonistes. Ce morceau permet de conserver le contact avec la narration malheureusement, c’est ce qui est reprochable en majeure partie dans cette oeuvre.

The Land Of New Hope, n’est pas exempt de tous défauts, même si l’album réussi à convaincre et se laisse écouter dans un entrain constant. Néanmoins, il aurait été apprécié d’avoir davantage d’interludes pour obtenir une meilleure mise en scène. N’oublions pas que « A Metal Opera » estampille l’album et j’ai trouvé la projection en artistique minimaliste, voire inexistante. La tête pensante a jugé bon d’envoyer les morceaux sans fioriture. Dommage que la théâtralisation soit si peu développée, parce que parfois l’enchainement est difficile à suivre et peu être sans liens concret !
À l’instar de Tobias, qui a une prépondérance à faire vomir ses concepts de chants parce qu’il est lui-même chanteur, le mentor d’Avalon souffre du même syndrome et s’amuse à poser plusieurs couches de guitares alors qu’elles ne sont pas spécialement légitimes. Néanmoins, la lisibilité de l’album ne s’en trouve pas affectée. On retrouve quelques lourdeurs, mais ce n’est vraiment rien du tout, car l’opus est une réussite dans sa globalité. Un véritable témoignage musical et une lueur d’espoir pour un genre qui avait tendance à s’étouffer. Timo est parvenu à créer une oeuvre très accrocheuse et composée de plusieurs pépites ce qui fait pencher la balance en faveur et laisse l’avenir plus serein. La relève est assurée et le monopole stylistique effacé puisque la même année l’historique d’Avantasia ne fera pas le poids contre cette simple sortie qui détrône l’Allemand haut la main et le précipite vers le bas en le destituant de son titre de maitre.

0 Comments 20 mai 2013
Whysy

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