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Dans la vie on peut promettre beaucoup de choses. On peut promettre d’être sage, de garder un secret et on peut même promettre la lune ! La promesse n’a que d’intérêt que si on veut détenir une information en échange de quoi on s’engage à ne pas nuire. Il m’a semblé important de redéfinir cette notion puisque Soulfallen nous propose un album complètement en décalage dans son dessein : The Promise Of Hell. La formation avait fait fort impression avec « Grave New World » avec une signature musicale inimitable et un déluge de composition flirtant avec la tristesse et caressant la beauté du bout des doigts. Et voilà qu’on nous promet l’enfer ?! Qu’a-t-on pu faire pour mériter une telle sanction ? Rassurez-vous rien ne nous est fait grief, cette phrase lancée comme un pavé dans la mare s’engage plutôt comme un concept qui permettra de développer un flot mélodique.

Il a fallu prendre un peu de recul, car je me souviens à l’époque où Grave New World était sorti, nous nous étions fait avoir par une orchestration borderline à la limite de la schizophrénie. Le combo nous avait fait une démonstration magistrale avec des morceaux à la fois enivrants et carrément possédés. « Devour » incarnant la folie et « We Are The Sand » la perfection d’une maîtrise mélodique qui prend aux tripes. Soulfallen nous avait cloué sur place en voguant entre deux eaux avec une telle dextérité et une facilité que ça en devenait énervant. Mais voici que The Promise Of Hell arrive, immédiatement les premiers constats ont été en la défaveur de nos musiciens. Surement, l’attente avait-elle gonflé des espérances devenant bien trop utopistes pour être réalisés. Le temps est passé, gommant un peu cette sensation et c’est donc l’esprit ouvert que j’ai pu me retourner sur cet opus. A l’époque, on sentait bien qu’il dégageait une essence particulière mais la pression de l’opus précédent était bien trop forte pour laisser celui-ci s’exprimer.

En effet, The Promise Of hell est un album à la qualité intrinsèque indiscutable. Beaucoup de personnes n’avaient pas su découvrir cette face cachée hantée par le spectre du passé. Néanmoins, on retrouve ici tous les éléments qui démarquent nos Finlandais du reste de la peuplade métallique, qui plus est, avec une peu commune élégance associée à une légèreté et une aisance dépassant l’entendement...
Mon intro n’était pas non plus là pour faire un effet de style, elle avait pour but de bien appuyer ce qui sert de trame à cet album. Vous l’aurez compris, le groupe s’attarde sur deux termes qui sont la « promesse » et « l’enfer ». Ces deux éléments ne servent évidemment pas qu’à donner un titre clinquant à une nouvelle offrande musicale, et c’est là où je souligne le discernement et la perspicacité de la composition. En outre, les deux concepts sont mis en exergue avec une structure musicale virevoltant entre embardées démoniaques et délicatesse mélancolique.

A l’instar de son prédécesseur la dualité musicale repointe le bout de son nez pour s’imposer despotiquement tout au long de l’album. On découvrira donc une promesse matérialisée par des passages doux avec de langoureuses tirades au violon, l’apparition de guitare sèche, des nappes de piano et des choeurs à peine audibles. « The Birth of Newfound Death » illustre ces éléments en les mettant en scène avec adresse et insistance. Le côté mélodique de The Promise Of Hell apparaît donc ostensiblement et il n’y aura pas besoin de gratter pour la trouver étant donné qu’elle s’impose d’elle même. sur « Scars Aligned », nous aurons la présence d’un chant féminin lyrique qui fera pencher la balance du côté de la finesse, la fragilité et la grâce. La présence des riffs éthérés voire atmosphériques comme s’ils étaient mis en apesanteur résonnent avec charme dans les esprits. Par ailleurs, des chuchotements apparaissent sporadiquement pour accentuer cette dimension fantomatique et assumée.

A contrario, nous aurons aussi le droit à l’enfer qui prendra contenance au travers de morceaux plus virulents. Le chant s’étend alors sur un registre plus caverneux et guttural. En effet, le panel vocal se dévoile aussi au travers d’un chant emprunté au black métal tantôt raillé, aigu et irritant ou bien par le biais un death grunt plus mature qui assume un rôle plus impérial et solennel. La batterie sort des sentiers pour déborder avec une effusion de blast-beats ou de double caisse délivrés avec justesse. Les guitares augmentent le nombre de notes et la liquéfaction utilisée par les instruments précités s’effacent le temps d’un solo ou d’un lead qui rentre bien dans le tas (« Ghosts »).

Une promesse c’est aussi une histoire de confiance. L’ambivalence des chansons appuie sur le fait que très souvent la douceur s’accompagne de la dureté. Notamment avec « Scars Aligned », nous retrouvons les opposés mêlés et se donnant la réplique au travers d’une musicalité à la fois pervertie et séduisante. La somptuosité des titres s’accorde sur cette dualité omniprésente, et sur « The Silence Of The Storm » le groupe s’amuse à créer un tissu musical perforés de breaks incommensurables. Sur « Cold Beneath The Sun » c’est l’inquiétude qui règne, l’angoisse s’évapore par delà une rythmique lancinante, la morosité et la tristesse pose un pied avec l’apport des choeurs en fond de toile. Et enfin, «At The Heart Of Dying» fait un brillant résumé de The Promise Of Hell grâce à un refrain entêtant, une rythmique évolutive, un feeling insistant, une structure musicale progressive et bourrée d’émotion... Bref, un Death mélo gothique de haute volée.

Alors que peut-on reprocher à cet opus ? D’être sorti dans de mauvaises circonstances ? D’avoir repris des idées de Grave New World ? Mais n’est-ce pas là l’identité du groupe ? S’il ne l’avait pas fait n’aurions nous pas jugé Soulfallen de se diluer ? En effet, je vous le concède il y a de honteuses répétitions comme par exemple le riffs introductif de « The Silence Of The Storm » qui est le plagiat par excellence de « To The Wolves At My Doors » entendu trois ans auparavant. Mais si on n’est-ce pas un détail ? Ce qu’on pourra ne pas nier c’est le fait que The Promise Of Hell sort son épingle du jeu. La structure mélodique est suffisamment survitaminée pour ne pas nous endormir, les idées fusent dans tous les sens tout en invitant au voyage musical et l’outrecuidance des variations mélodiques devient plus une force qu’un handicap. Retentez l’expérience, je vous promets que vous ne serez pas déçus... Et Rendez-vous en enfer !

0 Comments 12 décembre 2012
Whysy

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