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En cette fin de période estivale, vous avez le moral un peu à plat, vous n'avez pas pu partir en vacances et êtes resté à vous morfondre au travail tout l'été maudissant votre mur facebook de vous imposer les photos de vacances de vos collègues ? Vous rêvez d'évasion, de fuir cette météo décidément pourrie pour des plages de fin sable chaud et de lagons bleu azur ? Hé bien vous n'êtes pas du tout au bon endroit ! Si vous cherchez une musique ensoleillé pour éviter le coup de blues pré-rentrée, mieux vaut éviter le dernier album de Falloch. Car si évasion il y a, le groupe nous invite à découvrir non pas une île paradisiaque baignée de soleil mais bien les highlands écossais. Alors je n'ai rien du tout contre le pays d'origine de l'oncle Picsou ou de James Bond, mais les vastes terres désolées brumeuses, pluvieuses et venteuses, il faut bien avouer que niveau fun il y a mieux. Ici l'ambiance, tout comme les paysages, se révèle plutôt déprimante et sombre, on est bien loin de la danse sous les cocotiers. Mais si les ambiances empreintes de tristesse, de nostalgie et de solitude ne vous rebutent pas, je vous invite à prendre votre ticket et à embarquer pour le voyage que propose cet album.

    Falloch est donc un groupe écossais orienté post-rock/folk, ou plutôt à l'origine, le projet de deux jeunes têtes pensantes écossaises, Andy Marshall et Scott McLean s'occupant à eux deux de tous les instruments sur leur premier album, Where Distant Spirit Remain, paru en 2011. Album agréable malgré quelques erreurs de jeunesse et plutôt bien accueilli par la critique, ce qui n'a pas empêché le départ d'un des deux cerveaux du groupe, Andy Marshall, parti former Saor (anciennement appelé Àrsaidh qui signifie ancien en gaélique écossais, Saor signifiant « libre », vous connaissez maintenant deux mots de gaélique écossais pour vous la péter en soirée), son projet personnel plutôt orienté black et folk mais au but néanmoins similaire de nous faire vivre les atmosphères et ambiances écossaises (et fortement conseillé si vous appréciez ce registre plus extrême).
     Pour le remplacer, Falloch accueille donc trois nouveaux membres (!), Ben Brown à la basse, Steve Scott à la batterie et Tony Gunn au chant et à la guitare. Ce changement de line-up n'est pas sans répercussions au niveau de la musique du groupe qui se veut un peu plus atmosphérique et dépossédée de ses passages les plus violents, les plus axés post-black, la double pédale se faisant beaucoup plus discrète et les quelques blast beats ayant disparu. La musique en devient un peu plus sombre, presque doom par moment et s'éloigne donc un peu des influences du premier album :Agalloch et le Alcest (des premiers albums).

    Si après une première écoute l'album peut sembler monolithique et que ceux qui ne feront qu'y jeter une oreille ou les allergiques au style atmosphérique ou post-quelquechose n'y verront que de longues pistes ennuyeuses, l'album propose pourtant un voyage envoûtant. Si les morceaux sont certes longs (4 titres de plus de 9 min sur les 7 que comporte la galette), le travail sur les ambiances est remarquable et pour peu que l'on daigne s'y plonger, on peut s'imaginer sans peine les landes désolées écossaises. Il suffit d'un seul titre, "Torradh", pour nos plonger dans ses ambiances si particulières, avec cette introduction presque mystique, ce mélange de passages aériens et plus lourds et la voix cristalline de Tony Dunn. Ce premier titre démontre aussi la maturité acquise par le groupe, du chant qui en restant de le style aérien du premier album s'avère beaucoup plus maîtrisé, à la production, plus claire, on a clairement affaire à un groupe qui progresse.

    Parfaitement emporté par cette première réussite, on peut pleinement profiter du reste de notre périple en terres écossaises, et se laisser porter par la musique, tantôt mélancolique "For Uir" et ses guitares acoustiques, tantôt plus sombre avec un court passage de vocaux lointains écorchés sur "Brahan" ou des passages à l'influence flirtant avec le doom sur cette même chanson ou sur "Sanctuary" ou tantôt calme et reposante comme sur le long break de "I Shall Build Mountains". Là est le talent du groupe qui sait alterner passages doux enclins à nous faire rêver et passages plus sombres, aux guitares plus graves et quelques accélérations déchirantes où l'on retrouve un peu de double-pédale comme sur "For Life" et "Brahan". Et surtout, mis à part une interlude minimaliste pas franchement utile à laquelle on préférera les deux interludes instrumentales du premier album, l'album ne comporte pas de temps mort et monte même en puissance, les deux derniers titres étant les plus variés et réussis de l'album, notamment "Sanctuary", belle synthèse de l'album, aux émotions imparables, faisant briller tous les instruments.

    Cet album marque donc un tournant dans la jeune carrière de ce que l'on peut maintenant appeler un groupe, en s'éloignant de l'ombre de ses modèles comme Agalloch, Falloch réussi le cap du second album et confirme ainsi tout son potentiel. En faisant légèrement évoluer sa musique vers un côté plus sombre se mêlant parfaitement aux ambiances aériennes du groupe, avec des compositions très travaillées mais qui n'omettent pas l'émotion, l'objectif est atteint, l'auditeur est transporté, les paysages semblent défiler sous nos yeux et le voyage parmi les terres sombres et mystérieuses de l'Ecosse s'avère au final plus que recommandable.

0 Comments 22 août 2014
Whysy

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