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Orden Ogan. Ce groupe est un mystère absolu, défiant les lois de la musique et de la culture : il doit s’agir, je pense, du seul groupe d’epic power-prog germain de bonne qualité, qui s’écoute bien et ne fait pas trop de la merde. Je ne compte pas Blind Guardian dans la catégorie power, je précise.  Le lecteur averti pourra trouver dans ma première phrase plusieurs assertions susceptibles de provoquer moult débats, et je le comprends parfaitement. Déjà, que les mots « germain » et « qualité» soient réunis dans le même groupe nominal pour désigner autre chose que des voitures, des tanks ou une symphonie est assez courageux de ma part, j’en conviens. Cela tourne carrément à la provocation quand on lit que cette qualité désigne un groupe qui use du qualificatif de « power », terme dont les racines sémantiques plongent dans le registre lexical de la médiocrité, des temps préhistoriques et de la nullité crasse. Y accoler le mot prog, créant ainsi l’odieux combo power-prog, est sans doute la pire insulte faite au prog depuis le premier album de Muse.  Et pourtant, et pourtant, Orden Ogan c’est pas mal. C’est même assez sympa, je ne sais pas ce qu’ils ont, un petit truc qui fait toute la différence, mais qui suffit. Peut-être les voix et les mélodies, parce que franchement, mettons-nous d’accord, les sections rythmiques sont d’un manque d’originalité criant. Une batterie métronomique et sans saveur (c’est du power, rappelons-le), une basse inexistante ou inaudible (c’est toujours du power), et des riffs honnêtes et simples comme un paysan bavarois. C’est donc du côté des solos et du traitement des voix et des chœurs qu’il faut chercher une explication à cette soudaine irruption de qualité au sein d’un paysage habituellement si fade.  Allez savoir, je ne suis peut-être pas si germain que ça après tout, malgré mon pedigree et mes pratiques culturelles, mais le pompier, le lourd, le riff direct qui dépote, c’est pas que je trouve ça sans intérêt, c’est juste que le fait que ce soit nul me gêne. Ah, peut-être une résurgence de ma culture germaine : j’aime la qualité. Mais la qualité peut se décliner de deux façons en musique : qualité au sens propreté, ça je ne le nie pas, tous les groupes power allemands le sont, propres et carrés comme une panzerdivision. Mais on peut aussi exiger de la qualité en termes de créativité, et ne pas accepter qu’un groupe ne fasse que décliner la même recette. C’est là un peu le problème de To The End, le nouvel album d’Orden Ogan. Tout à fait sympathique et réjouissant, entraînant, avec des refrains très bien fichus qui donnent vraiment de quoi s’emballer, même si comme moi vous êtes totalement allergique au style difficile de s’ennuyer en l’écoutant. Je me réjouis d’ailleurs de les voir en première partie de Luca Turilli’s Rhapsody, je sens qu’on va passer un très bon moment.  Donc en fait, si vous me suivez bien, le problème avec To The End, c’est qu’il n’y a pas de problème. Après un Easton Hope très réussi, et qui aurais presque mérité un 9 (oui je t’ai lu Papa Duck), on pouvait espérer que le combo saisisse l’occasion d’aller encore plus loin et de repousser les limites du style, le rendant carrément génial. Comme disait Steve Hogarth, « Failure isn’t about falling down, failure is staying down ». La stagnation, même en pratiquant une musique agréable à l’écoute, pose problème, et mérite que je descende la note.  Dernier point, je n’ai pas trouvé sur cet album de morceau du calibre de Nobody Leaves, qui était franchement exceptionnel, et j’ai même trouvé que le groupe s’essoufflait un peu en milieu de partie, redevenant par moments un groupe de power typique, c'est-à-dire pas terrible. Peut-être que le groupe n’était qu’en surrégime, ou alors c’est moi qui ai complètement craqué en portant Easton Hope aux nues, va savoir.

0 Comments 14 octobre 2012
Whysy

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