Je n'aime pas les américains ! Parfois il faut savoir laisser la froide raison en retrait afin de privilégier cette spontanéité toute animale qui est tapie dans les méandres de notre être. Une fois n'est pas coutume c'est bien le franchouillard moustachu et mangeur de baquette qui vous parle ici et pas le farouche férailleur de mauvais groupe Power que vous connaissez tous depuis longtemps. En effet j'ai toujours eu du mal à réprimer mon mépris naturel pour la civilisation qui a transformé Jean Philippe Smet en Johnny Hallyday, le grand Saint Emilion en piquette californienne et le septième art en machine à blé...
Cependant malgré mes tendances farouchement chauvines je ne peux m'empêcher, comme nombre de mes compatriotes, de succomber au charme sauvage de ce sublime blondinet New Yorkais répondant au doux nom de DC Cooper. Il est vrai que malgré une discographie assez limitée et une présence au sommet de l'affiche intermittente, la talentueuse voix de Royal Hunt a toujours su garder une place de choix dans le coeur de nombre de fans en France et partout dans le monde. Et à l'écoute des albums qui ont fait sa gloire (les grands disques de Royal Hunt, ainsi que son excellent projet solo datant déjà de 1999) on comprend assez vite pourquoi. C'est donc en connaissance de la réputation quasi mythologique du bonhomme que je m'apprêtais à poser mes oreilles de néophytes sur le dernier album de Silent Force...
Si je devais faire un peu d'histoire au risque d'être rébarbatif (ce dont je ne me priverais pas), je dirais que Silent Force est la maturation d'un «super band» qui d'un projet sans lendemain se serait doucement imposé comme un groupe à part entière. A la sortie de «The Empire Of Future» en 2000, le quintette teuton réunissait dans un même studio le mythe vivant Alex Beyrodt (guitariste fondateur de Primal Fear, et de Sinner) avec le déjà encensé DC Cooper, pour satisfaire les fans déçus par la récente éviction du blondinet yankee de Royal Hunt... euh... Si vous me suivez pas je connais une histoire belge !
Cependant et malgré tous les espoirs suscités, le succès ne fut pas vraiment au rendez-vous : la qualité moyenne des premiers disques découragea vite la foule des fans et le groupe tomba bien vite dans la confidentialité. Ne restant plus pour apprécier le regain de forme du groupe avec «Worlds Apart», qu'une poignée de fans irréductibles de DC Cooper (toujours les mêmes oui). A tel point que l'arrivée de «Walk The Earth», le quatrième album du combo allemand, ne suscita qu'une ferveur mitigée sur la scène Metal internationale. L'occasion rêvée pour Alex Beyrodt de surprendre son monde en proposant son meilleur disque depuis bien longtemps.
Pour comprendre la musique pratiquée par Silent Force il faut déjà revenir à mon introduction nationaliste... le combo allemand joue ici un Heavy Metal très influencé par l'école US avec de larges touches Hard FM notamment sur les passages planant de l'album comme «Goodbye My Ghost», «Save Me From Myself» ou «Picture Of A Shadow». Le plus souvent je ne suis pas un aficionados du style, mais je dois reconnaître que pour une fois l'équation s'avère parfaitement exacte, le style musical convient magnifiquement au timbre si unique de DC Cooper qui fournit une prestation en tout point fabuleuse. Certes le jeu des musiciens n'est pas en retrait, et Alex parvient à nous sortir quelques magnifiques soli, et des mélodies comme seuls les grands compositeurs savent les concocter. Mais c'est réellement le vocaliste Texan (excusez mes approximations géographiques mais c'est pour nourrir l'intrigue) qui sort vainqueur de l'affrontement, avec quelques prestations dignes des plus grands maîtres : «My Independence Day», «King Of Fools» ou «Walk The Earth» pas de doute, sa réputation est loin d'être usurpée.
Cet album fera date comme l'un des plus aboutis de Silent Force, dans la droite ligne de la renaissance entamée avec le tout aussi excellent «Worlds Apart». En jouant sur les poncifs, le combo Germano-Américain réalise l'un des albums marquants de ce début d'année, et sa qualité ne passera pas inaperçue chez les fans de grand Heavy Metal comme on l'aime. Quant aux fans extrémistes de DC Cooper, ils trouveront sûrement leur compte avec pas moins de trois photos du bonhomme dans le livret...
SMAUG...
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