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Après deux albums plus que convaincants, les hollandais de Carach Angren nous reviennent avec pour troisième méfait Where The Corpses Sink Forever, qui, comme son prédécesseur Death Came Through a Phantom Ship, crée son propre univers, un enfer sur terre « où les cadavres sombrent à jamais », livré à l’auditeur sous forme très cinématique (pour reprendre une expression nouvelle qui fait débat mais qui me paraît ici plutôt appropriée). L’album a en effet pour théâtre les affres de la grande guerre, théâtre dans lequel Carach Angren nous conte, en neuf actes très sombres, les tragédies de personnages emportés à jamais par leurs traumatismes physiques et psychiques. Tout commence par l’intro An Ominous Recording, dont les paroles narratives instaurent un climat d’une grande noirceur. Particularité, c’est le dernier morceau, These Fields Are Lurking, qui en est la suite directe, chaque autre piste de l’album venant s’insérer telle une parenthèse macabre et magistrale.

C’est en fait l’aspect symphonique de la musique qui la rend magistrale. Partout les instruments symphoniques jouent leur funeste rôle pour sublimer ces moments d’horreur que renferme Where The Corpses Sink Forever. Carach Angren abuse de passages symphoniques intenses, de ceux utilisés dans les films lorsque le scénario s’emballe. Lors de la première écoute on en prend plein les yeux, mais hélas on se rend rapidement compte que chaque titre ressemble plus à une histoire qu’à une chanson. En fait, à trop vouloir embrasser l’auditeur Carach Angren mal l’étreint, car que retiendra-t-il de ces multiples successions de passages symphoniques grandiloquents et de leads de guitares décousus ? Des sensations, certes, mais souvent sans mélodie d’aucune sorte, si ce n’est celle de ce passage au piano complètement inattendue venant troubler The Funerary Dirge of a Violinist de sa malicieuse douceur.

Alors tout sera question d’attendus. L’auditeur venant s’immerger dans un univers pour n’en garder pour toutes séquelles des sensations (est-ce là l’essence même du Metal cinématique ?) devrait être comblé, d’autant plus que les cris, narrations et growls sont très variés, allant du narratif au démoniaque en passant par tous les stades (il y a même des paroles criées en français sur General Nightmare). L’auditeur venant écouter de la musique pour la retenir devra se contenter de quelques passages mémorisables, comme ce chant grégorien sur Lingering In a Imprint Haunting qui vient renforcer le côté solennel et implacable d’un champ de bataille sans échappatoire aucun. Les deux derniers morceaux, aux structures musicales moins farfelues, le réconcilieront peut-être avec Carach Angren. Ainsi Little Hector What Have You Done n’est pas cannibalisé par les envolées symphoniques et bénéficie d’une atmosphère presque féerique grâce à une voix féminine aérienne qui vient apporter une approche plus angélique à la mort.

Car c’est bien la mort qui fascine Carach Angren, et Carach Angren met au service de la faucheuse un album abouti, ayant nécessité beaucoup de travail, avec des arrangements particulièrement soignés. Cependant, tout ce qui compose Where The Corpses Sink Forever est utilisé comme apporteur d’ambiance sans qu’aucun instrument, ni même le chant, n’ai vraiment le rôle principal, celui de faiseur de mélodies maîtresses. Qu’il s’agisse d’une inspiration tarie ou d’une volonté assumée d’aller vers une musique tellement conceptuelle qu’elle en délaisse la musicalité, mon verdict en sera le même car, au bout du compte, j’ai trop de mal à apprécier cet album.
[right]Chris[/right]

0 Comments 17 août 2012
Whysy

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