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Ils sont brésiliens et ils font du prog ! Vous ne l'aviez pas vue venir celle-là, hein ? Quand on dit "Brésil", on pense samba, speed mélo, Rock in Rio, Sepultura, mais le mot "prog" n'est jamais bien en vue, avouons-le. Et pourtant, et pourtant...Mindflow, le groupe qui nous concerne aujourd'hui, est un pur produit brésilien officiant dans ce que l'on appelle communément "le prog". Roulant sa bosse depuis 8 ans, Mindflow s'apprête donc à sortir un nouvel album, au parcours un peu particulier car consistant en une sorte de best-of de deux albums jamais sortis. En effet, "With Bare Hands" combine des morceaux issus de "Destrutive Device", qui aurait dû être leur troisième album et "365", nom donné au recueil de morceaux destinés à paraître lors d'une quatrième offrande, morceaux sur lesquels le groupe avait commencé à travailler en attendant une éventuelle sortie de "Destructive Device". Et au final, le groupe a décidé de mélanger le tout pour n'en faire qu'un seul et unique album, ce "With Bare Hands" dont il est question ici.

Alors, on dit "prog", mais l'appellation reste quand même très vaste, il suffit de comparer des groupes comme Dream Theater ou Pain of Salvation pour se rendre compte que "prog" ne veut pas dire grand chose, à part une musique cosmopolite, brassant diverses influences tout en gardant une certaine ligne directrice, histoire de ne pas tomber dans l'expérimental.

Et donc, Mindflow est de ce genre de groupe où l'on retrouve un peu de tout, quelques refrains à la limite du hard-FM, d'autres plus costauds, des riffs globalement percutants, aidés par un son de guitare rutilant et massif, des orchestrations pouvant à certains rappeler les derniers efforts de Dream Theater, ainsi qu'un chanteur plus qu'efficace, à la voix écorchée, et sachant taquiner les aiguës avec brio quand il le faut. Si dans leurs précédents réalisations la musique du groupe était assez hétéroclite, partant dans de multiples directions, sur cet album Mindflow recentre son propos, se disperse moins qu'auparavant et affiche une certaine cohérence, même si l'on pourra regretter la disparition des petits interludes qui apportaient un certain cachet à l'ensemble et des ballades dépourvues de guitare, "With Bare Hands" n'ayant à proposer de plus calme que des morceaux un peu "pop" dans l'esprit, tels Breakthrough et The Ride, où des groupes comme Linkin Park (période Minutes to Midnight) et Hoobastank ne sont pas loin.

Car ici, Mindflow va droit au but, ne se perd pas en chemin et propose une succession de morceaux épais, rentre-dedans, dont l'intensité augmente légèrement au fur et à mesure que l'auditeur progresse dans l'album. De l'ouverture Break Me Out qui plonge parfaitement dans le bain et s'avère immédiate, avec un côté légèrement FM, on atterrira par exemple sur un Instinct lourd et sombre, aux chœurs menaçants, en croisant un Under an Alias pourvoyeur de sonorités orientales et jouant un parfait rôle de rouleau compresseur, aspect accentué par le contraste créé avec ses couplets calmes, ou encore Thrust into this Game, ce dernier étant un bon exemple de la capacité de Mindflow à jongler entre riffs en bétons et refrains posés moins agressifs sans pour autant en perdre en substance.

Alors, à recentrer son propos, on y gagne en homogénéité, ce qui peut être un handicap. Et Mindflow n'y coupe pas, "With Bare Hands" comportant trop de morceaux (14) pour atteindre un rendement optimal et un ventre mou va se ressentir à partir de Shuffle and Deal au riff assez bateau jusqu'à The Ride, trop gentil pour convaincre. Ceci mis à part, les sept premiers morceaux s'avèrent irréprochables et auraient formé un excellent album si ils avaient été suivis par le trio fermant la marche Destructive Device, Instinct et Fragile State of Peace). En effet, sans être révolutionnaire, le groupe propose suffisamment d'ambiances réussies, de sporadiques vocaux graves venant briser une éventuelle monotonie et d'alternances bienvenues entre refrains polis et rugueux (Corrupted) pour satisfaire. Ajoutons à cela un travail impressionnant réalisé à la guitare, entre la multitude de riffs et de soli, et on est en mesure de dire que les mecs de Mindflow ne sont définitivement pas une bande de bras cassés.

En conclusion, Mindflow gagne en homogénéité, perd quelque peu en folie (adieu les bruitages surréalistes des deux précédents albums, en téléchargement gratuit sur leur site, soit dit en passant), mais propose ici un album solide, inspiré et semble avoir trouvé une formule leur convenant. Puisse-t-elle décanter d'ici leur prochaine réalisation et ramener la balle au centre en diversité et cohérence. Le groupe a le son, les musiciens. A eux de se démarquer en habillant un peu plus leur paysage musical.










0 Comments 20 avril 2011
Whysy

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